Dis, c'est comment la mort ?
Au tout dernier voyage,
L'azur est-il moins bleu au dernier rendez-vous
Et le chant de la mer au creux des coquillages
Envoûte-t-il toujours les amants et les fous ?

Dis, c'est comment la mort ?
A la dernière escale,
Quant le bateau s'en va et largue les amarres,
Le vent fait-il claquer le hunier, le fanal
Et la voix du marin retentit ou s'égare ?

Dis, c'est comment la mort ?
Au-delà de l'espace,
Si l'abîme est obscure et le néant profond,
Les goélands frileux vont-ils, à marée basse,
Entre les vagues bleues, nicher dans les lagons ?

Dis, c'est comment la mort ?
...Lorsque dans la compagne,
Cigales et grillons stridulent dans les blés
Et que les étendards sur les mâts de cocagne
S'envolent au ponant au gré des alizés.

Dis, c'est comment la mort ?
...Quand l'herbe se pomponne,
Se fardant de vermeil sous le pinceau du vent
Et que l'or flamboyant des couleurs de l'automne,
Sur les ormes fanés, empourpre le couchant.

Dis, c'est comment la mort ?
...Quand les harpes du vent,
Fredonnant des refrains, invitent les sarcelles
Et la main du matin vient écarter les pans
Du manteau de la nuit que la lune ensorcelle.

Dis, c'est comment la mort ?!
Nul ne saurait le dire,
Car personne, ici-bas, n'en est jamais venu...
..Mais le linceul des jours ne peut pas être pire
Qu'une vie sans espoir où l'on ne s'aime plus !