En un endroit quelconque, en Olympe ou Eden,
Deux femmes s'entretiennent sur un sujet sensible,
Un sujet attisant les amours et les haines,
Puisque le cœur d'un homme est objet de leur cible.

Je suis une déesse aimée par le désir,
Mère des voluptés qui gouvernent les âmes,
J'enfante des pensées dont il faut se saisir,
Des pensées ne craignant aucun retour de flamme.

Je suis l'allégorie fille des incendies,
Engendrés dans la nuit par des besoins charnels,
Voguant sur des fantasmes sans répit je mendie,
Des chairs nues et offertes au serpent éternel.

Et la blonde Psyché et la brune Lilith,
Abaissent leurs beaux yeux sur un être bizarre,
Revendiquant chacune cet esprit où palpite,
L'anathème premier donné par le hasard.

"Conviens qu'il est à moi" dit Lilith la brune,
Car il a des envies qui ne sont que physiques,
C'est écrit dans ses chairs et aussi dans les runes,
je suis la partition, son corps est la musique.

"Sois donc plus modeste" répond Psyché la blonde,
Ne sens-tu pas son cœur qui rêve d'autres cieux,
Ignores-tu ses douleurs qui trépident dans l'onde,
Forgeant par leurs essences des sentiments précieux ?

Ainsi donc cet être, ni à toi ni à moi,
Erreras sans chemin le reste de sa vie,
Se recouvrant d'armures issues de pâles émois,
Et jamais ne saura arrêter son avis.

Ainsi donc cet être, ni à moi ni à toi,
Essaiera pourtant de prononcer "je t'aime",
Oh, oui, tu peux avoir, Lilith, l'air pantois,
Il l'aimera encore, malgré ton anathème.