Art Obscur, tu es pour moi une poésie sourde et impalpable qui n'a pour décor qu'une cave hermétique et sale. Pour les autres, tu es une sombre folie. Je ne sais pas encore si je dois croire en ton règne ou t'abolir...

Ma salive se pose sur les lèvres du rêve à polir, je les baise, mon œil d'or et sa sève liquide se posent ensuite sur les herbes grises des berges infinies. Les songes aux éclats tristes ont toujours été les plus étirés, des fleurs élastiques se collent sous mes chaussons déchirés. J'ai trouvé dans la cave un abri silencieux comme un abysse, tapis dans ses profondeurs j'admire les récifs oniriques, les algues qui maintenant m'envahissent... dans le fond je suis la seule épave.

À la recherche d'un trésor, je me perd dans des virgules sans voir de point final.

Art Obscur, aide-moi à apprécier ton crépuscule permanent, à apprendre mon passé et le maniement des cordes, à comprendre le mal... qu'on m'accorde. Adresse moi tes ordres mais sache que j'ai encore peur de la mort, pour l'instant.

Ô mon art, maître des lyres, tu es sujet de mon texte mais de mon âme monarque non bête délire.

Ivre, je chancelle entre mes rêves et mon mal de vivre.

- le texte est clôt comme un récent tombeau -

Que je suis mélancolique ! ô que je suis vide !

Livide comme Ophélia... pour former des rondeaux, j'ai sonnet la beauté puis nous sommes jeté dans un lac.

Art Obscur... même ton songe émet l'odieux, tu me donne la clé du sol même sans le son, me fait tenir le coup lors des dépressions... que tout sombre sans fin, moi je brille dans des pré-cieux...

Je plains ceux qui se vident à chercher le Graal depuis des siècles.

Art Obscur, je ne peux faire de mon spleen quelque chose d'idéal alors je te mendie quelques proses philosophales.

Donne moi l'or de la nuit avant que Dieu, hors de lui, me dépose dans le lit de la mort.