On dirait les soldats d'une garde fidèle,
Dans la moiteur des nuits, parler on les entend
D'encaustique à gogo, de frictions de flanelle,
Compagnons de nos vies, tout comme des amants.
Vénérable commode, impotent canapé,
On vous a entassés au garage, au grenier.
Le modeste buffet, qui trônait au salon,
A du mal à loger son solide fronton
Dans cet appartement aux bizarres tournures.
Il a reçu des coups, d'innombrables blessures,
Comme il est malheureux, l'antique vagabond !
Il n'y a que des fous, dans cette drôle de maison !
Il était si heureux, du temps de sa jeunesse !
Dorloté, admiré, au calme et puis en paix,
Aujourd'hui, délaissé, pitoyable, en détresse,
Il n'aspire, désormais, qu'à vivre retiré.
Je ne saurais vous dire si les meubles ont une âme,
Pourtant ils font partie du présent, du passé,
Témoins de nos amours, de nos vies, de nos drames,
Ils sont les confidents qui gardent nos secrets.
Ce bureau que l'on aime, l'acajou patiné
Nous rappelle notre enfance dessinée à la craie.
Le fauteuil si profond où l'ami s'est assis
Et l'armoire de grand'mère nous dit qu'elle est partie
Dans un jardin plus beau, où les fleurs se querellent
La douceur de ses mains, à l'ombre des venelles.
Si les meubles n'ont pas d'âme, ils ont juste un langage
Qui nous dit le futur, le passé, le présent,
Nous qui sommes en sursis, ils viennent tourner les pages
Du livre de la vie, tout en défiant le temps.
Écrit par Antigone57
"La vie est un combat, j'en sortirai vainqueur"
Catégorie : Amitié
Publié le 07/07/2006
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