trois heures du matin tu saisis ma peur ,
des ricanements saturent la gamme,
des cris plaintifs des sanglots des pleurs,
l'aube t'inspire comédies mélodrames..

tu honores la nuit,fête les lueurs,
bon vivant tu vis tout,gourmand des vingt quatre heures..
sous la lune tu te déplies,au soleil tu pavoises,
goûtant le noir qui luit,les chatoiements d'iroise,

la gloire,le panache du convoyeur de flots
le goéland argenté,la flèche le lancelot,
Ulysse en oiseau sans investiture,
vivant sur les acquis de son aventure,

grandeur et décadence,te voilà retroussé,
tes navettes urbaines ont déjà sclérosé,
tes rêves épiques,tes grandes traversées,
tes ailes puissantes ne font que te poser..

nichant dans les gouttières,les moindres réduits,
à l'interieur des terres tu te replies,
détroussant les rats,éventrant les poubelles,
tu confonds bords de toits et antiques citadelles..

tes yeux ourlés d'orange réflechissent la peur,
du dernier condamné offert à ton bec,
tu précèdes la mort,répare les erreurs
accélère les sorts,lève les hypothèques..

tu étais dévolu à l'écume, l'horizon,
le coeur et les plumes gonflés à la passion,
ton rêve a subi un revers de fortune,
délaissant pour un temps les étoiles pour la lune..

je te regarde de derrière la fenêtre,
mon coeur se serre à te voir,là..
posé sur une branche de pin sylvestre,
comme un vulgaire piaf,un ancien roi...

vous avez la liberté d'etre vous même,immédiatement,
d'aller toujours plus haut,à l'infini...

extrait du film Johnatan Livingstone le goéland 1973