Qu'est ce donc ce visage et ces couleurs si ternes
Dans les yeux de cet homme abîmé par la vie
On dirait que son cœur fatigué bat en berne
A mi chemin entre le ciel et le parvis.
Il porte sous les yeux des poches si profondes
Qu'il pourrait y bercer le petit Jésus Christ
Les cheveux au sommet de son crâne s'émondent
Ses rides sont comme mille sourires tristes.
Il me lorgne tel un étranger dans la foule
Que l'on aurait parié depuis longtemps connaitre
Et bien qu'il me paraisse un petit peu maboul
J'ai de la compassion pour son rude mal-être.
Il pleure face à moi une larme en esquille
Telle une comète pénétrant la nuit claire
Ses douleurs semblent être sa dernière famille
Sa pose témoigne d'un âge séculaire.
Je lui tends donc la main, et sa main me répond
Il me lance surpris un regard médusé
Et un sourire entre ses lèvres en crépon
Je crois que mon miroir est un peu trop usé.
Écrit par Auré
"Explique si tu peux mon trouble et mon effroi"
Catégorie : Divers
Publié le 19/09/2017
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C'est un portrait qui ne manque pas de susciter tendresse et affection pour cet homme aimant faire dans l'autodérision. J'ai beaucoup aimé vous lire. | |
Siaska |
L'alter ego, le "semblable" le "frère"... Merveilleux poème qui se dénoue à la fin. J'aime ! | |
jacou |
Beaucoup d'humanité et d'altruisme dans ce bien joli poème. De la chaleur humaine, ça devient rare à notre époque. | |
coolwater |
Très beau poème. Ce n'est pas fréquent de parler des gens âgés en évoquant les traits imprimés par le temps. | |
TANGO |
oh c'est émouvant j'aime les poches de Jésus qui se creusent de plus en plus merci |
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marinette |
J'aime cette ambiguïté: le narrateur surprend-t-il son propre reflet dans le miroir ou évoque-t-il une autre personne, indépendante de lui, mais qui lui ressemble comme peut être ressemblante l'image renvoyée par un miroir déformant, à la fois identique et différente du sujet qu'elle représente? Merci | |
Verdon |
Merci à tous ! Verdon : il s'agit bien de quelqu'un qui surprend son propre reflet mais ne se reconnait pas immédiatement et qui devant les affres que le temps a fait à son corps et à sa psyché préfère en faire une sorte de déni en accusant son miroir comme on accuserait sa balance. La part autobiographique pose la question de l'angoisse, à divers degrés, de tout à chacun de vieillir au moment où l'on réalise avoir pris un coup de vieux. |
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Auré |
Très joli poème, j'aime beaucoup les visages vécus car ils sont empreints de vie, d'histoire et de richesse. Le temps nous marque à vie, oui, mais la beauté intérieure reste la même. Merci. | |
suane |
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