'' L'interlude... ''
Je me suis réveillé au bord de ce printemps, sous un orme en bourgeons.
Cheveux épars, le vent me berce au quai brisé et tout comme sa barque je tangue.
Là ! Les mâts de vieilles galères percent les eaux que leurs voiles claquent à foison
En amont, la campagne est d'une triste pâleur; même les roses en sont exsangues.
Et comme je grimpe sur la falaise; je laisse derrière le sable de l'étroit gué
Pour découvrir les vestiges d'un temps; à l'homélie du rossignolet éployé.
Près de la grève, par-delà le loin clocher de l'île aux cents tombeaux
La mer; le plus grand désert au monde, s'étiole en éclats de cornaline,
Et comme je marche sur le petit chemin de grès naissant des roseaux;
Je toise le verre et l'arche en feuilles de lierre d'une roseraie orpheline
Là-bas, il y a une mince corde nouée à la branche de l'hêtre,
Pour un enfant dans un pneu, ou pour le poids d'un être.
À l'Est, une cloche au vent dicte encore; ‘'en classe ‘'aux oubliés,
Lorsque je passe d'une main; la grille en aval d'un asile d'enfants.
Que je constate la solitude mourante de l'orphelinat ennuyé.
Ô ! Il fait chaud ! Même l'air de mai est aux musiques d'avant.
Pour s'y rendre, il faut suivre les racines d'une rangée de peupliers,
Qui sortent du grès comme aux doigts d'un enterré.
J'eus poussé la porte inclinée du grand et solitaire refuge d'enfants
Au-delà d'un mur troué, le télégraphe en poussière d'un employé de la Marconi.
Celui-ci devait cacher en secret ces lettres d'ennui, sous quelques histoires d'olifant.
Jamais aucun accident! Les dossiers ne rapportaient que des morts dans la nuit.
Leurs portraits s'étiolaient comme au visage d'un centenaire, de sa peau écaillée,
Dont les couloirs m'inspiraient ceux d'un sanatorium qu'un siècle de choléra eut séché.
Tout au bout, les tableaux m'étaient peints comme en un vieux son de vielle,
Gît au lit du mur, la seule empreinte d'une croix qu'on aimât d'être tombée.
Et tandis que le bois du buffet transpire à l'arôme cru d'un péché véniel,
Je suis là, au chant d'un rideau fantôme qui valse à la fenêtre soufflée.
Aux vents chauds, la sonate est simple, quelques grincements de fanaux,
Comme la trace persistante d'un homme au banc du piano.
Tout près, l'armature humide de l'escalier à l'odeur de corsaires perdus
Et à son bas, le cadre déformé d'une photo de ces petits pensionnaires
Cette hégémonie prit fin ce matin-là, qui sait ce qu'ils sont devenus.
‘'Rang de l'érable, 1906'' gravé d'un ongle comme en une stèle funéraire.
Ces orphelins, leurs visages tristes mais espérant, après toutes ces années,
Cheveux épars, dans la ligne de derrière, comme je n'ai pas changé !
Écrit par Biron
\'\'La poésie est une maladie du cerveau\'\'
Catégorie : Divers
Publié le 05/09/2012
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