Tu souris. Mais comment tu fais ? À force de pleurer, les yeux rouges et gonflés de fatigue, j'ai oublié comment sourire. Mais toi, même quand tu as mal, de cette douleur qui semble insurmontable qu'est la déprime, même quand tu pleures, les larmes coulant sur tes joues pâles comme de l'eau dans une fontaine plus pure qu'un nouveau-né, tu souris. Les larmes ont beau couler sur tes joues, ton sourire, il est toujours présent sur tes lèvres. Indétrônable, il est le roi de mes rêves, tout comme toi. Je t'admire plus que je ne pourrais jamais admirer qui que ce soit, même si cette admiration a un goût amer. Tu souris. Mais comment tu fais ?

C'est comme si tu ne savais faire que ça, sourire. Ton visage semble créé pour cela, dans toute sa beauté. Il est des personnes semblant chargées d'une mission depuis leur arrivée sur Terre. Tu es de ces gens, semblant vouloir transmettre une espèce de joie de vivre aux autres, mais malheureusement, la plupart des gens ne la comprennent pas. Je suis de ces gens. Tu le sais, mais tu souris. Tu acceptes la différence. C'est tout ce que tu veux faire, après tout, sourire. Tu veux sourire à la vie, même si elle n'est pas belle. Le bonheur est ta seule et unique religion et tu es le plus pratiquant de ses croyants. Quoi qu'il se passe, toi, semblant étinceler d'une joie qui ne peut être que tienne, tu souris. Mais comment tu fais ?

Tu te mens à toi-même, mais peu t'importe. Ce mensonge est le plus beau qu'il existe. Et puis ta vie, comme la mienne, elle n'est un mensonge. On se ment, jour après jour, aux gens qui nous entourent et à soi-même. Quoi qu'il se passe, faisant parfois semblant de croire en nos rêves, on ment quoi qu'on fasse. C'est dans notre nature, après tout. Quand, dans cette marée d'âmes humaines, tu es le seul à avoir encore le sourire aux lèvres, j'avoue que, des fois, jalouse, je voudrais te claquer. Il est lourd, incroyablement pesant, ton sourire. C'est comme si tu étais le seul à pouvoir encore sourire. En ces jours étranges, chacun est bercé d'un certain mal-être qui lui colle à la peau ,véritable crasse indélébile. Et moi, à te voir sourire, j'ai envie de vider mon estomac sur le paillasson IKEA.Ton ignoble rictus me hante. Mais moqueur, tu souris, encore et toujours. Comment tu fais ?

Le bonheur, ce n'est que de l'intoxe. Un produit idéalisé et virtuel qui ne sert qu'à faire vendre…Tu es pire que la publicité pour dentifrice. Ton sourire, il est blanc, éclatant. Maintenant que j'y repense, il est trop beau pour être vrai. Aucune chose sur Terre n'est magnifique et totalement bénéfique. Il y a toujours un côté mystérieux dans les choses, et elles ne sont jamais totalement blanches. La vie n'est que contrastes de noir et de gris, mais jamais de blanc. Même quand je te dis cela, toi, moqueur, tu souris. Mais comment tu fais ?

Ton sourire, pourtant, il ne sert à rien. Tout le monde le sait, maintenant, que tu es malheureux. Dans tes yeux, cela se voit. En fin de compte, ta vie, finalement, elle est comme la nôtre. Tu ne l'aimes pas, toi non plus. Mais peut être que c'est pour continuer à nous rendre fous et jaloux de ton supposé bonheur, mais tu continus à sourire. Tu sais quoi ? Ton sourire, il est superficiel, trop sur joué, cela se voit bien qu'il n'est pas naturel. Il est chimique. Espèce de camé, te droguer, c'est tout ce que t'as trouvé pour pouvoir continuer à sourire. Tu sais, on aurait préféré te voir te laisser aller et admettre ta peine, comme tout le monde le fait, de temps à autres, plutôt que de te voir rester à sourire comme le con que tu étais. Mais tu souris. Comment tu fais ?

Le corps étendu dans ton cercueil, jusqu'à la fin t'auras voulu sourire. Le bonheur était ta seule et unique religion. Maintenant, on sait que le bonheur - celui des contes de fées où tout est rose, avec une jolie princesse Barbie et un charmant prince Ken qui s'épousent et ont de merveilleux enfants, dans le meilleur des mondes sans jamais rencontrer aucun obstacle sur le chemin tumultueux qu'est leur vie – il n'est qu'utopiste. Et ce n'est pas en cherchant à sauver les apparences, comme tu as pu le faire, qu'on le crée. Mais toi, comme un con, le corps maintenant en terre, je suis sûre que tu souris encore. Pauvre rêveur, malheureusement des gens comme toi, il y en a trop. Nous ne sommes que les enfants d'une pauvre génération ratée et blasée de tout. Trop de rêveurs pour peu d'actifs.

Je crois que je te déteste. Non, mieux encore, je te hais. Mais le pire, dans toute cette histoire, c'est que je sais que je t'adore. Je n'y peux rien, mon cœur et ma tête sont en contradiction totale, les deux n'arrivent pas à se comprendre. La haine est un sentiment vraiment très proche de l'amour, c'est bien connu. Une seule chose est sûre, en tous cas : C'est ton sourire que je hais. Ce sourire, qui a réussi à déstabiliser tant de personnes et à détruire une vie. Pas la mienne, malheureusement, mais la tienne. Comment as-tu réussi à sourire aussi longtemps et à faire croire aux gens que tout allait bien pour toi ? Jamais je ne pourrais me l'expliquer.

Moi aussi, je voudrais sourire comme tu l'as fait. Toi, je te hais de me laisser seule en ce monde où il est trop éprouvant pour moi de sourire. Comment est ce que tu as pu me laisser tomber ? Comment as-tu pu rentrer dans ce jeu ? Tu le savais pourtant, avant, que les produits chimiques n'étaient que superficiels. Tu avais les yeux dilatés, rouges, gonflés, quand tu venais en cours. Pourtant les autres ne comprenaient pas. Je ne comprenais pas. Je pourrais en vouloir au monde entier de n'avoir pas cherché à comprendre, mais non. C'est toujours trop facile de rejeter la faute sur les autres et de ne jamais admettre ses torts. Le pire, c'est que je sais très bien que c'est de ma faute. J'aurais tellement aimé comprendre avant ton mal-être, ta douleur, ta souffrance, tes maux. Tu as toujours été là pour moi et moi je n'ai pas été capable de me rendre compte que tu n'allais pas bien. Mais maintenant, je sais pourquoi. Après tout, on est tous égoïstes, dans notre genre. Toujours à se regarder le petit trou de nombril, à s'admirer sous toutes les coutures pour vérifier l'absence de bourrelets et de boutons sur nos précieux petits corps. Toujours à se plaindre de nos petits malheurs. On est tous ainsi, à se sentir supérieur, à passer en priorité pour soi même et pour les autres, on voit après. C'est notre nature à tous, avouée ou non, après, c'est une autre histoire.

Tu ne voulais pas qu'on s'inquiète. C'était mignon de ta part de répondre que tu allais toujours très bien. Ça l'était moins de l'avoir dit jusqu'à la fin.. Tu souriais pour les autres. Après tout chacun sa part de soucis, et puis tu ne valais pas la peine que les autres s'inquiètent de toi, tu t'es dit. Tu as été stupide. Dire que l'on souffre n'est pas une faiblesse, bien au contraire. Tu n'as jamais osé me le dire. Comment pourrais-je ne pas t'en vouloir ?

Je suis égoïste, comme tout le monde. Et tu m'as laissée seule face à cette adversité. Face à ces visages si inhumain, je n'ai plus d'épaule sur laquelle pleurer. Je n'ai plus de personne sur qui me baser. Je n'ai plus de personne qui me tende la main comme tu me le faisais. Je ne t'ai plus. Et jamais personne ne pourra te remplacer.. Ta place reste dans mon cœur, quoi qu'il se passe. Partout où j'irais, tu seras avec moi, dans mon cœur. Ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers, c'est bien connu. Je ne suis pas la première à le dire et je ne pense pas être la dernière non plus.

Je t'ai dans le sang, dans le cœur, dans la peau, dans mes larmes …Tu me suis partout, ton fantôme me hante. J'ai fait quelque chose de mal, ok. Mais après tout, je ne peux pas toujours faire bien. J'ai fait une connerie. Et alors, toi aussi tu en as fais, après tout ! Tu t'es même bien trompé ! Tu as prit des mauvais chemins, tu t'es retrouvé seul face au monde toi aussi. Il est une arme bien plus dangereuse que ce qu'elle ne paraît, c'est le regard des autres. Je pense que je ne vais pas réussir à être aussi forte que toi. Comment as-tu pu réussir à sourire pendant aussi longtemps ? Face à leur détresse, je n'y peux rien, mais moi aussi j'ai envie de me laisser aller. J'ai envie de pleurer sur mon sort, envie de te pleurer. Envie de crier que ce n'est pas juste, de me révolter, de remuer ciel et terre pour te rendre à moi.

Malheureusement, on ne ramène pas les morts à la vie. Tu n'aurais pas voulu que je m'apitoie sur mon sort. Tu ne voudrais pas que je pleure pour toi, et je comprends. Mais mince, c'est toujours ainsi, quand on se sent devenir vraiment proche d'une personne, proche comme on ne l'a jamais été encore avec qui que ce soit au par avant, finalement on la perd dans des conditions différentes mais toujours aussi dramatiques. Je ne laisserais pas le déshonneur sur ta mémoire. Mourir d'une overdose pour un jeune d'une vingtaine d'années, après tout, c'est édité à la page des chiens écrasés du journal local, habituellement. Mais tu n'es pas n'importe quel jeune, malheureusement.

On dit que les morts vivent toujours dans le cœur de ceux qui les aiment. Qu'à jamais cela restera ainsi. Je vais fermer les yeux, maintenant, pour pouvoir toujours me rappeler, quoi qu'il se passe, ton visage avec ce rictus ignoble que je déteste, mais qui fait tout de même partie de ton personnage, toi que j'adore et que j'aimerais à jamais. Un jour peut être qu'on se retrouvera. Après la mort, de toutes façons, c'est l'inconnu . Toi qui manquais d'aventures, tu vas être servi. On parle de la mort comme de terres sacrées où l'on resterait en paix, sans tracas ni responsabilités.

Je te vois bien dans ce monde qui te ressemble tellement, toi le poète qui m'a toujours fait rêver, avec tes grands mots, ta musique, tes yeux brillants et ton intelligence. Toi qui semblais vivre dans ton monde, un monde que personne ne comprenait. Je pense que personne ne le comprendra jamais. Un monde où tu pourrais sourire tranquillement, et sincèrement. Un monde où le rêve serait loi. Un monde où les rêveurs seraient politiciens. Ce monde n'est qu'une utopie, je le sais bien, mais tu n'étais qu'un utopiste. C'est beau de rêver. J'ose espérer que où tu iras, tu m'attendras.

Écrit par Black Flower
"Allez absorbe jusqu’à gerber la merde qu’on te livre en direct au dîner ! Tu sais quoi, ta propre mort sera retransmise en direct chez toi !
Catégorie : Triste
Publié le 17/11/2006
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 18/11/2006 à 11:56:20
c'est entre la haine et l'amour, c'est bien dit, j'ai beaucoup apprécié.
plustout
Posté le 21/09/2008 à 20:53:02
J'avais l'impression, que dans quelques passages de ton texte, on parlait de moi. C'est drôle, mais.. Ton texte, il résume un peu ma vie. Le sourire, c'est trop compliquer. C'est comme un masque qui s'enlève difficilement.. J'adore ton texte, tu as un grans talent. Tu as su toucher mon coeur, et piquer mon attention. Merci pour avoir écrit un si beau texte... :)
Cold Tears
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28/03 12:26Yuba
En effet ...lol....le même message est reçu en mp pour moi.
28/03 11:48CRO-MAGNON
Super ! Icetea devient un site de rencontres ! Voir les commentaires reçus ce jour sur chaque poème déposé !
26/03 10:53Alphaesia
Merci Sarahg, bonne semaine à vous...
24/03 10:24Sarahg
Bonne semaine à venir à tous et toutes !
24/03 10:23Sarahg
"Quand le destin de quelqu'un s'accomplit, il faut sourire."
21/03 06:35Lys-Clea
Et Bonsoir cher Cro ! :)
21/03 05:16Altair
Ne jamais oublier que le printemps amène les troubles sociaux, braves gens!
20/03 01:20Sarahg
Que ce Printemps soit synonyme de vie et de bonheur !
18/03 03:47Sarahg
"Etre dans le présent est la condition de la paix intérieure."
18/03 03:46Sarahg
Belle semaine à tous !
13/03 08:39Bleuet_pensif
Bonne journée à tous !... :)
09/03 05:43Lys-Clea
Merci avec Retard, cher Sylvain .. Amitié !
08/03 02:52Capucine
Merci pour cette pensée pour toutes les femmes
08/03 12:00Yuba
Merci Sylvain ...bonne fête à toutes les Dames du site.
08/03 06:17romantique
EN CETTE JOURNEE BONNE FETE A TOUTES LES FEMMES POUR TOUT CE QU ELLES APPORTENT A NOS EXISTENCES ET AU MONDE !!...:)
01/03 11:11Chrysantheme
Il leur faut valider ce chef d'oeuvre d'écriture !
01/03 11:11Chrysantheme
C'est aujourd'hui que mon oeuvre passe en commission de lecture
29/02 12:20CRO-MAGNON
Tu peux écrire tous les jours et tu te reposes à chaque 29 février
29/02 10:15Chrysantheme
Et c'est mal parti
29/02 10:14Chrysantheme
si j'écris pas aujourd'hui je loupe le coche pour 4 ans

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