Un jour, le jeune homme que je fus,
Bercé d'illusions, de rêves lointains
Prit une plume et de son esprit s'en fut,
Jetés sur le papier, quelques mots incertains,
Quelques bribes de poèmes forts confus.

Mais pourquoi, pourquoi faire cela ?
La raison primordiale était convenue :
Un transport amoureux inconnu jusque-là
Et la déraison qui en était survenue
Dire jusqu'où je pourrais aller et même au-delà.

Puis j'ai découvert la vraie poésie.
J'avais envie de parler à feuille ouverte,
Transformer mes souvenirs en amnésie,
Ecrire à l'âme offerte !
Il paraît qu'elle est Analgésie.

Analgésie, oui, mais faudrait-il souffrir…
Il me manque cet ultime accessoire
Que le poète doit chérir.
Car c'est de cette ultime muse illusoire
Qu'il pourra sa verve quérir.

Certes, mais mon esprit détraqué
Ne connaît hélas pas ce haut fait.
Alors quel truc m'a-t-il lié
A Erato et à ses méfaits ?
Comment suis-je devenu son allier ?

Pour lui plaire, j'ai exalté la beauté des femmes
J'ai exulté mes sentiments
Jusqu'à ce que mon égérie me clame
Qu'écrire est tout simplement,
Dire… son âme.