Le barbon,
Voyez ce ladre barbon chenu et perclus
Fat, fielleux aux propos abscons et abstrus
Insanités, calembredaines, billevesées
Il n'a que des lazzis, ne fait que pérorer.
Devant l'incurie interlope, ce philistin
Replet, salace, érubescent, ce béotien
Cauteleux et madré, sans aucune argutie
Ce matois rhéteur est voué aux gémonies.
Ce parangon de hâbleur, plein de rouerie
Cherche encore des amours ancillaires, marri
Devant la valetaille, compassé et contrit
L'histrion,
Corps de volucre, faciès vultérin
Regard torve, chafouin, aux traits purpurins
L'histrion se morfondait dans son galetas
Il ne dormait pas dans des draps en taffetas.
La maritorne scalde, veule et rotonde
Faisait le ménage dans ce décor immonde
Il se disait dandy, mais nullement parangon
De vertu, gandin à l'âme d'un Harpagon !
Disert, pugnace et profus dans les saillies
S'étant rapproché par intérêt du bailli
Pour le convaincre par son discours volubile
De lui donner la main de la mousmée nubile.
Clairvoyant et perspicace à ces turpitudes
En fleurant le mauvais coup et l'ingratitude
Le fit bastonner par ses laquais, du bois vert
Il eut et envoyé au diable vauvert !
Subit enfin acrimonie et avanie.
Allons faire ripaille !
Allons faire ripaille dans une auberge ou une taverne
Nous attabler pour le disner, manger mets et vituailles
Aubergiste ! Tavernier ! Verses-nous de ton breuvage
Une chope de gueuse ou de cervoise ou au mieux
Dans une cruche, flaque ou fiole, de ton meilleur vin
Qu'il est doux et bon, de se rincer le gosier !
Marmiton ! Derrière tes fourneaux, prépares-nous
Dans tes pots, chaudrons, marmites ou casseroles
Et sers-nous dans une auge, gammelle ou écuelle
Brouet, farci, tourte, civet à broche, rôti, chapon
Poulaille, poularde, poussin, oyson, faison, paon
Lyèvre, connin, lappereau, pourcelet ou sanglier.
Il me plaît de festoyer et d'écouter les complaintes
Des ménestrels et troubadours, les fabliaux et farces
Narrés à la veillée, par les baladins et bouffons
Entendre les doux sons, de la fifre, du tambourin
Du luth, de la vielle, de la gimbarde, de la cornemuse
De la lyre ou de la harpe et de danser le cotillon
Il me faut une mansarde dans cette humble chaumière
Près de ton logis, les lattrines, mais loin du lavoir
Apportes-moi, un chandelier, lampion ou lanterne
Près du poèle, il me faut une plume d'oie et encrier
Du parchemin ou velin, pour écrire à ma mie
Je suis épris de la dulcinée, je veux la courtiser
La pucelle est promise aux épousailles
En attendant, amènes-moi une catin, sur ma couche
J'ai grand besoin de forniquer, qui pour un baiser
Elle sentira la vigueur de mon vit et le goût du foutre !
Vil Maraud,
Tu as été arrêté, emmené par les gens d'armes
Mis en geôle, as-tu été molesté ? As-tu subi railleries ?
As-tu été questionné ? Tu as eu mauvaise fortune
Vil Maraud, vilain, croquant ! Veux-tu trépasser
Morbleu ! Tout n'est que vilénie et tromperie
Tu offenses la gente Dame, sa majesté le Roy
Veux-tu en découdre, subir la loi du Talion
Être châtié, bâtonner, violenter et subir châtiment
Sur-le-champ, pour avoir volé dans une enseigne
Ou échoppe, as-tu la souvenance des noms
De tes compagnons et compères, de ces brigands
Tout n'est que balivernes, sornettes et diableries
Aurais-tu l'outrecuidance de blasphémer ?
As-tu transporté ton butin, dans ta carriole, ton charroi
A travers la contrée, combien de pieds, de lieues, as-tu parcouru ?
Dieu te bénisse ! Le ciel soit loué ! Tu avoues ton forfait
Quand l'astre du jour poindra, tu partiras par vaux
Tu retourneras à ton labeur, ta corvée, ta besogne
Nous t'accordons miséricorde et tu paieras la dîme
Tu n'auras point un sou, écu, sesterce, denier, ou pistole
Rien ne sortira de ma bourse, tel est mon jugement
C'est selon votre bon-vouloir, mon seigneur !