Fruit de la toile,
Quand tomberas-tu de l'arbre,
Quand laisseras-tu filer les étoiles,
Qui s'acharnent sur ton trône de marbre ?

Pourras-tu rattraper, si le cœur t'en dit,
Les bris de verre de leurs yeux en pleurs,
Redonner l'espoir à ceux qui sont restés,
A attendre le retour de ceux partis trop tôt ?

Pourras-tu réparer les miroirs,
De ceux qui refusent de s'y plonger,
De peur d'y reconnaître trop de vérités,
Ou trop de Peurs embrumées par le mensonge.

Vers du fruit,
Poison nourri par la maturité,
Sauras-tu rester en vie,
Gisant au pied de l'arbre nourricier ?

Sauras-tu échapper à la main guidée,
Par l'envie, la faim ou le désir,
De te posséder, de te manger, ou de t'offrir,
Sauras-tu donner ton corps pour corrompre son cœur.

Pourras-tu faire oublier au fil des âges,
Aidé par tes Frères, jusqu'à la trace de son passage,
Là où même les livres ne suffiront plus à y croire,
Malgré les mots portés le vent, les bâtisses en son honneur.

Homme, porteur du vers,
Sans savoir, tu nourris le soleil et la lune,
Tu arraches des arbres mais refuses l'avancée du désert,
Tu méprises Mars mais guide tes enfants vers Saturne.

Tu te souviens être tombé, avoir perdu ton chemin,
Alors tu maudis la pierre mal placée, la barrière trop fragile,
Tu dis aussi qu'on t'a poussé, la vérité n'est peut-être pas si loin,
La chute n'est pas toujours fruit du hasard, la mort non plus…

Homme, toi qui prends le fruit et le vers avec,
Homme, toi qui a coupé l'arbre pour te nourrir à moindre effort,
Aurais-tu pu apprendre à réfléchir, à réfléchir pour plus tard comprendre,
Que ce sont tes racines que tu as sorties de ton ventre,
Et que tes larmes ne les ramèneront pas à la vie,
Que tu n'es ni élu, ni Dieu, ni son contraire,
Et qu'un autre prendra ta place, que tu le veuilles ou non…

04/09/2002