Je ne sais plus si c'est l'enfant ou le vieil homme,
L'abandon du bac à sable ou l'appel du métronome,
C'était comme courir après des fées imaginaires,
Des papillons soyeux qui embrasaient l'atmosphère.

Le bruit des vagues comme amant du Silence,
Les bulles d'écume pour tout tapis de danse,
La course au ralenti sur coucher de carte postale,
Et le ciel qui saignait, criblé de milliers d'étoiles.

Les mots en auraient trop dit alors j'ai laissé faire,
Ma voix se déchirer sur ces dents qui encore me lacèrent,
Mes cordes se nouer comme des larmes de potence,
Et condamner ma langue à taire mon inconscience.

En docile victime, j'ai choisi d'épargner mon bourreau,
Que n'aurai-je gagné de mieux que le titre de salaud
Si pour ma défense, j'avais exposé ma haine à vous autres jurés,
Clamé mon innocence la bave aux lèvres et la bouche ensanglantée.

Car il n'est plus dangereux dit-on qu'un animal blessé
A part peut-être un cœur brisé jeté dans les rosiers
Qu'on regarde rouler, se débattre et redonner couleurs
Aux fleurs qui se repaissent de sa chair et de sa chaleur.

Mais parfois on confond mal-intention et maladresse,
Et cœur qui s'oublie ne sait pardonner aucune faiblesse,
Ni celle que la peur utilise comme bouclier des lâches,
Ni celle que la rancœur alimente en rumeurs qui fâchent.

Ce qu'il me reste de ce ciel dont j'ai perforé chaque note,
Une composition inachevée qui se perd au fond d'une grotte,
Un componium édenté qui ressasse les mêmes rengaines,
Les mêmes couacs de corbeaux , les mêmes chants de baleines.

Dans cette faible flamme, cette danseuse chinoise,
J'achèverai ce drame bien avant qu'il ne me toise;
Et maintenant, que reste-t'il de la bougie ?
Je ne sais pas... je crois que je me suis endormi...

12/10/2010