Je te rends ce silence que tu as glissé
Dans l'une des poches de mon coeur froissé,
Que ma fierté n'a que trop longtemps gardé en poing,
Que ma tristesse n'a jamais sentie que beaucoup trop loin.

Je te rends ce silence laissé comme un radeau,
Une trace de ton passage, un baiser sur un crapaud,
Une onde passagère brisant l'ancre de mon nénuphar
Me rapprochant dangereusement des récifs de l'espoir.

Je te rends ce silence semé en miettes de pain
Comme on finit par se perdre à trop croire en un chemin
Qu'on nous a indiqué, vanté comme idylique,
Je te rends cette folle boussole que j'ai crue magique.

Je te rends ce silence brisé en mille morceaux,
Mosaique d'éclats de miroirs et de lames de couteaux,
Où je nous voyais beaux, où je nous voyais deux,
Je te rends ce mensonge dont je suis tombé amoureux.

Je te rends ce silence un peu trop en retard,
Sur l'heure des adieux que j'ai refusé de croire,
Perdu parmis ces mots que je t'expédiai par wagons;
Qu'entre deux correspondances, le temps me semblait si long !

Je te rends donc ce silence, ce qu'il me restait de toi,
Après tout il t'appartient, il te revient de droit,
Tu devrais le reconnaître, j'en ai pris grand soin,
Je te rends donc ce silence car je n'en ai plus besoin...

04/01/2011