Les instants se bousculent au creuset de mes vers
Cherchent à s'incruster en la ronde des mots,
Sempiternel élan où je m'ose pervers
Dénudant froidement les affres d'un ego
Construit dans la douleur terreau de ma beauté,
Issu de ces moments que j'aime à partager.

Je suis seul et perdu, j'avance en automate,
Mon présent est figé en une triste cage
Où j'enferme mon âme en croyant mettre mat
Les démons d'un passé qui voudraient que j'enrage
Alors qu'en vérité j'aimerai m'allonger
Et me laisser partir pour enfin oublier.

Mais cette mort vivante où mon être s'obstine
Encore à avancer sans même le vouloir,
Mon esprit évadé en contes et comptines
Où rien ne m'atteint et où j'ai tout pouvoir,
Est reflet du désir que j'ai de m'accrocher
Malgré tout aux élans de mon cœur indompté.

Je ne sais pourtant pas où m'entraîne la route
Que j'arpente en aveugle en titubant sans heurts
Emporté par le vent, épargné par le doute
Je n'entend plus l'écho assourdi de mes peurs,
Trop loin en profondeur je me suis égaré,
N'existe que le temps où je rêve éveillé.

Et ces années passées à n'être pas humain,
Quand pour uniques choix j'eus marche ou capitule
Et décidait alors d'un troisième chemin,
Celui de ma nature d'autiste dans sa bulle,
Me laisse un goût amer quant au prix à payer,
Tuer ma poésie, nier ma vérité.

Alors de ce hors-jeu que furent ces journées,
Ce moment éternel où je m'étais noyé
A défaut de trouver de mon être les clés,
Cachées par la douleur d'un enfant agressé
Par les coups d'une vie de même pas quinze ans,
J'artise la beauté enfin l'exorcisant.

le 26/05/15