L'étoile avait des pieds
Et des mains et une bouche
Pour déguster des vins et marcher sur la terre
Et toucher la lumière du bout de ses longs doigts
L'étoile avait des yeux
Et un nez et un dos
Pour porter le fardeau des hommes et voir la misère
Et sentir les parfums que le monde cache aux lumières
L'étoile avait des seins
Et des cheveux et des oreilles
Pour entendre la paille allaiter la faucille
Et couvrir le visage de la femme -infinité dorée-

Me voyant, elle prit peur
J'avais, moi aussi, pieds, mains, bouche
Yeux, nez, dos, seins, cheveux et oreilles, et les sens enchantés
J'allais, moi aussi, le monde sur mon dos, sous mon pied
La misère et la femme, même parfum, mêmes corps
J'entendais mon cœur battre et gémir comme le ronronnement des cieux
-Désenchantement qui chante d'autres chants ; -poète- malgré tout
Homme.
Semblable à l'étoile, au soleil, à la rose, à l'Atlas des musées
Que l'on regarde sans voir ; marbre qui brille sans éclat
Homme, artiste, poète, statue, Dieu !
Infinité dans l'infini, hélas, si peu, et quelle étoile !...