... et éternelle
La beauté est vivante et elle est éternelle. Et les langues passent. C'est la poussière des morts.
Martin Eden (1909) – Jack London
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Beauté vivante et éternelle,
Des mots vibrants je vais choisir
Pour célébrer l'âme charnelle
Qui porte haut l'art du plaisir,
Puis par le cœur veut vous saisir.
Beauté sans fin, beauté naissante,
Beauté qui s'offre à tout désir,
Est immanent ce qui nous hante.
A la splendeur intemporelle
Il faut des mots puissants offrir,
Mots d'une langue originelle,
Mots de mémoire et souvenir.
La langue, hélas, ne peut tenir
Face à l'oubli d'une mort lente ;
Les mots s'en vont, sans coup férir,
D'une balade insouciante.
La langue meurt en aquarelle,
Pinceau léger qui va surgir
Pour effacer à tire-d'aile
Les mots perdus qui vont pâlir.
Mort puis poussière est l'avenir
De toute langue envahissante,
De tous les mots prêts à jaillir
Comme une eau forte ou conquérante.
Beauté vibrante à ressentir,
Trop indicible, évanescente,
Laisse vers toi les mots venir,
Morituri te salutant* !
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*Ave, Cæsar, morituri te salutant ! César, ceux qui vont mourir te saluent !» Telles étaient les paroles que prononçaient, en s'inclinant devant la loge impériale, les gladiateurs qui défilaient dans le cirque, avant le combat où presque tous, en effet, devaient trouver la mort.
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les douze vers de la fin constituent un chef d'oeuvre "c'est pô juste" (Titeuf !) tu as trop de talent moi aussi j'ai peur pour notre langue polluée par trop d'anglicisme je ne hais pas les USA qui quoi que tu en dises ont des cultures, des écrivains, des créateurs mais ils sont envahissants je me cramponne pour ma part à toutes sortes de mots et tournures obsolètes, "has been", comme ils disent tels que "plait il ? plus souvent collation, brûle pourpoint, férir, imbu et tant d'autres qui me régalent, foutriquet, gourgandine, éventé, savez vous à propos de gourgandine, le second sens de ce mot ? une petite pièce de tissus blanc qu'on place sur un décolleté trop échancré c'est une "modestie", mais si elle est faite de transparente dentelle, c'est une "gourgandine" ce n'est pas joli ? merci lapsus pour ta traduction de morituri, cela me ramène aux doux souvenirs d'école sur horatius coclès et, j'ai oublié l'autre !!! purée vieillesse ennemie !!! |
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flipote |
il est rev'nu : mucius scevola, bienvenue ! | |
flipote |
Encore une leçon d'histoire et de poésie merci lapsus |
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PATGUI |
J'ai beaucoup aimé la dernière strophe et le détournement que tu as fait de cette citation latine. Faire parler les mots est une démarche très subtile que j'apprécie. L'évolution des/de la langue(s) est une question sur laquelle je ne me suis pas penchée en détail. Ton poème m'a donc beaucoup intéressée. Je l'ai relu plusieurs fois pour bien m'en imprégner. Ce qui m'en semble la clé c'est cette tension entre l'épuisement, l'évaporation progressive de certains mots - ne laissant que traces derrière eux d'une beauté qu'ils ont tenté de dire - et cette poussée très bien exprimée par la métaphore de la source "prête à jaillir", de cette "eau conquérante" qui viendrait faire renaître cette beauté en la disant autrement. La beauté dans ce qu'elle a d'atemporel et d'insaisissable est un défi constant pour le langage. |
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Harmonie |
J'ai vraiment adoré hélas les mots vont en poussière. | |
eric |
excellent | |
PATGUI |
Je suis émerveillé par ta capacité de disserter sur le langage . Si nos dictionnaires usuels ne font pas état de tous les mots, il est consolant de savoir qu'ils sont tous répertoriés dans des éditions plus complètes et ou plus anciennes. Encore faut-il les connaitre pour les trouver. | |
TANGO |
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