Éveil

Entre l'heure où le métro n'est plus en service
Et celle où ailleurs tous s'immiscent
Où le tic tac sonne en métronome endormi
Nous vivons dans un monde infini

En marche sur le trottoir immaculé
Regard vers ces hautes fenêtres cloîtrées
Derrière elles, amorphes et éloignés
Les êtres sans but se sont échoués

Frôlement de la vie éteinte tout autour
Les vitrines remplies de corbeaux sans contour
Les murs pleurent, glaciaux et imposants
Disparaissent sous l'astre de la nuit riant

La rue innocente est résignée
Nulles vies n'osent s'approcher
Silence, par le froid évident
L'air est le seul mouvement

Jouer dans la plus vide des nuits
Où les vivants ouvrent les yeux de l'envie
Emportons-nous vers l'éveil dément
Cet éclat transparent

Comme l'antipode aux héros du matin
Les errants de toute nébulosité
Amusons-nous, sans lendemain
Jamais nous ne serons mal-aimés

Tout est facile à voir
L'âme visible dans le noir
Tellement plus facile de respirer
Loin d'où nous ne pouvons exister

Sans chaînes, il faut tranquillement s'éveiller
S'attiser sans s'arrêter
Sans détresse, la lune au cœur
Ardeur sans douleur

Dans la fraîcheur de la rosée
Assis dans les pensées
Ne pas être pareil
Être en éveil

Et devenir ceux qui sont regardés
Et non vu
Ceux qui pensent
Et sont tus

Éveil tortueux
Reflet mystérieux
Éveil endormi
Tombons dans l'oubli