Je m'éveille à l'écho d'un rêve expatrié :
Aussi loin que le vent, des ondes de silice
Sculptent le corps ancien d'un désert oublié.
Á mon pas, sur la dune, une cascade esquisse
Un peu plus que le temps qu'on lit au sablier.

Chaque grain danse à l'autre une pavane étrange
Et verse son obole à l'absurde des jours.
A quoi bon redouter les diables et les anges ?
Le sable couvrira les peines, les amours
Du voile dont on fait le linceul et les langes.

Mon rêve se poursuit aux rives du matin :
Quand ce monde agité dormira sous la pierre,
Viendra l'oiseau sacré, le Rokh adamantin,
Ses ailes de diamant révélant la lumière
Des mouvantes couleurs d'un futur incertain.

Surgissant de l'oubli, dans un élan posthume
Ma main s'approchera du rapace enchanté
Et lui arrachera sa plus brillante plume
Pour écrire au désert le présage argenté
D'un long fleuve et des champs nourris par son écume.

Puis je m'éloignerai pour rejoindre les cieux
Et fonder avec toi le creuset d'une étoile.
Au cœur d'un autre temps, son oracle précieux
Lira le nombre d'or au secret des pétales
Pour l'offrir au festin des hommes et des dieux.