Mon cœur oscille entre amour et désespoir.
Pareil au crépuscule, un implacable soir
Etouffe les lueurs dans une épaisse nuit,
Une révolution d'où ne s'échappe nul bruit.

Pliés sous le lourd joug du temps qui se déroule
L'univers brillant de mes souvenirs s'écroule,
Le premier flou, pareil à la première fissure
Dépouille mon palais et le change en masure.

Désormais des anges aux ailes noires habitent
Un paradis désert, où quelque fois crépitent
De tristes étincelles, autrefois grands brasiers
Quand elle noyait mes tristesses sous ses baisers.

Ne reste aujourd'hui que les incertitudes ;
Et comme compagne maussade la solitude.
J'abandonne toute idée pour la remplacer !
Dans mes chairs coule celui qu'elle a façonné.

Ceux qui ne se sont pas brûlés à ses larmes
Ne sauront jamais que son sourire désarme.
La méfiance et marque profondément
Une douce folie en guise de sentiment.

Sans défense, vulnérable, je prêtais naïvement
Les valeurs altières qui la drapaient constamment
A l'humanité entière qui de moi se gausse,
Impuissant à percer son apparence fausse

Leurs illusions ont tronqué mes réminiscences
Et j'ai fini par perdre leurs ténues essences.
Sans elles je suis perdu, errant dans le hasard
Aveugle, hagard, au sein d'un large brouillard

Jamais plus je ne contemplerai son visage,
C'est à un spectre qu'aujourd'hui je rends hommage.
J'ai touché du bout des doigts Bonheur et Amour
Je n'ai plus la force de vivre encore un jour…