Quoi de plus glaciale et impersonnelle qu'un clavier, ses doigts se heurtent à ces touches si froides. Elle écrit, elle écrit pour se souvenir, elle n'a pas bonne tête elle risquerait de tout oublier.
Mais elle est comme lassée, puisqu'elle en revient toujours à lui, lui elle en a assez d'y penser, pourtant ça la rassure, comme si il avait se pouvoir, si rare de la calmer de l'apaiser.
Il a pourtant cette faculté de la pénétrer, de comprendre ce qu'elle ne comprend pas elle-même. Elle qui est si contradictoire, elle pessimiste effrontée et pourtant utopiste ratée, elle qui dit tout à qui veut l'entendre mais n'a confiance en personne, elle qui n'a aucune ambition mais qui plus tard voudrait faire Dieu, oui c'est ca, quand elle sera grande elle voudrait être Dieu, oui, faire que le ridicule se mette à tuer, que les gens se mettent à penser et que leurs âmes se mettent à exister.
Elle abolirait ce big brother qui plane au dessus de leur tête, elle affranchirait tous ces hommes
de ce système robotique qui les enferme jour après jour un peu plus dans leur infernale routine.
Et si elle n'y arrivait pas, si être Dieu ne lui convenait pas, qu'adviendra-t-il de ce monde ?
Comment finiront-ils ? A la chaîne ? Des hommes sans âmes ? Sans qualité de discernement ? Et leurs sentiments, pourront-ils encore parler de sentiments ? Seront-ils devenus de parfait robot capable de faire abstraction, de tout pour devenir similaire aux autres.
Et si le processus avait déjà commencé, si elle n'y pouvait plus rien, si elle n'avait jamais pu rien faire ? A quoi son existence servirait-elle, si elle n'était qu'une parmi tant ?
Se fondre dans la masse et oublier, s'oublier soi-même ? Pas question, elle ne vit que pour ça, pour pouvoir exister elle a besoin d'y croire, croire qu'un jour elle fera bouger les choses elle ne le fera jamais, elle le sait, mais c'est innée, elle doit y croire pour ne pas flancher.
Vous la croyez différente, vous vous trompez, vous vous trompez largement, elle est comme toutes les autres, et même pire encore, elle a peur le soir, peur qu'on l'oublie, voilà ça plus grande phobie, bien après les araignées ou même encore les souris, la peur de l'oubli.
Et quand elle ferme les yeux le soir, et que sa tête commence à tanguer, que les mots commencent à se bousculer, et les questions à fuser, elle vit, comme si elle se réveillait après quelque millénaires de sommeil, de même chaque soir, mais c'est ainsi pour tout le monde, je crois.
Et quand elle pense, que son âme danse, et que parfois ses yeux pleurent, ce n'est pas tant à son futur incertain qu'elle songe, mais plutôt à son passé, elle analyse tout ce qu'il s'est passé, refait le monde a sa façon, son monde est bien plus beau que le leur, elle le sait, mais elle ne peut leur faire partager, par peur de le faire se noyer. De toute façon ils ne pourraient comprendre, ils la trouveraient niaise, ou tendre, alors qu'elle dure comme le roc quand dans son monde elle se plonge, toutes vos pics ne peuvent l'atteindre, elle est bien trop haut, hors d'atteinte.
Vous la trouvez folle, son esprit frivole, vous n'avez pas tort, elle se joue des mots, se joue de vous, quoi de plus amusant que de faire voler ses mots sur une page blanche, la noircir au couleur de l'espérance, tant de questions sans réponse, tant de phrases qui cherchent une fin, elle n'est pas assez forte pour y parvenir, elle y arrivera peut-être un jour, qu'est-ce qu'elle a encore à apprendre, mais à apprendre quoi et de qui ?
Tant de questions existentielles qui au final constituent son être, elle voudrait tout, tout de suite et en entier, ou sinon elle refuserait, de comprendre tout, sans exception, il faut se résoudre à cette foutue fatalité elle n'est pas un esprit éclairé.
De plus elle s'évertue à parler d'elle à la troisième personne du singulier, aucune originalité.