La pirogue fendait sous la pluie l'eau du fleuve,
Deux enfants écopaient dépassés par l'orage,
Pendant que deux rameurs ignorant cette épreuve,
Joutaient dans le courant, parallèle au rivage.

Des oiseaux magnifiques, jacassaient des messages,
A des singes de couleurs dans la faune cachés,
La nature verdoyante, offrait beau paysage,
Ici la main de l'homme n'avait pas mis le pied.

Un passage très étroit, dans la rive sauvage,
Nous mena à une plage cachée par un sous bois.
Un singe blanc et noir, nous offrit son visage
Alors qu'un tout orange, de branche en branche sauta

Nous marchâmes des heures, la pluie avait cessé
Dans une boue gluante, et feuillages enlaçant,
Des insectes bruyants, venaient nous harceler.
Deux abris en branchages, apparurent droit devant

C'était le camp pygmée, enfin nous l'atteignions.
La mère, le père, le fils, absence du Saint Esprit,
Un chien et deux poulets, trois autres moribonds,
Par terre gisaient plusieurs, bouteilles de whisky

Les trois dégénérés dans des hardes déchirées,
Baignaient dans les vapeurs de l'alcool et tabac.
Nos guides leur parlèrent, et quand tout fut négocié,
Le mâle prit sa vieille lance et fit son cinéma.

Bouteilles et cigarettes, prix d'une visite guidée.
La femelle tenta de montrer son talent
A peine tenant debout, elle se mit à danser
Quand elle ouvrit la bouche on ne voyait qu'une dent.

Je n'ai pu soutenir le regard du garçon,
Plus grand que ses parents, il me semblait honteux,
Sur la braise cuisait une viande sans nom,
Une scène bien glauque pour un tourisme odieux.

Il reste paraît – il encore quelques pygmées,
Ces rois de la nature, devront rester cachés.
La faune au retour, de nous s'est bien moquée
Et tous petits se firent, nos vilains piroguiers.