Soldat

Je prie pour toi, âme révoltée, désarmée,
Le bruissement d'un pas étouffé au chaos de l'acier,
Sous le regard du monde et sans jamais faiblir,
Un jour loin des Hommes mais près d'eux pour mourir.

Soldat de peu de fortune, ton honneur est l'ombre de ta ruine,
Regarde au fusil, faner la fleur qu'avec diligence tu chéris,
Pour une chimère patrie que le dogme de l'Homme dessine.

Soldat de plomb aux gants de fer où le cœur n'a point sa place,
Écoutes mères pleurer leurs enfants couchés au maquis,
Patriotes noyés dans un torrent de haine que la mort embrasse.

Soldat jeté aux vents moroses, poumons emplis par l'ivresse,
Comme on jette aux loups l'enfant qui vient de naître,
Comme on jette aux bûchers sorcières et prophétesses.

Soldat, né sous le feu qui l'anime…
Souffrir puis mourir sous le serment d'un peu être,
Au nom d'un drapeau que la main du bourreau décime.