Il était une fois, un coq préparant sa relève :

"Pour être entendu et écouté
Il te faut y mettre le bon ton
Parfois d'un dièse ou bémol ajusté
En tout, bonne mesure et aplomb

Pour être bien vu et compris
Il te faut choisir tes meilleures plumes
Ajuster les pointes au plus précis
Entre le marteau et l'enclume

Pour être aimé et bien aimer
Il te faut encore peser et mesurer
Tu apprendras au pied levé
Au fil du temps et le bec acéré !

Laisse-moi juste te prévenir
Qu'entre l'avis d'un ou de mille
Il te faut ni l'un ni l'autre retenir
Mais qu'au tien seul te fier, Basile!

Combien de fois m'en suis-je voulu !
Debout faisant le fier sur mon toit
Jetant sur le monde mon dévolu
De l'éveiller à mon heure sans loi !

Je ne suis qu'un vieux coq misérable !
Qui veille avec trop d'amour
Pour la liberté honorable
De ses poussins de basse-cour

Mais le monde n'en a que faire
Ni de mes chants ni de mon rôle !
J'aurais mieux fait de me taire
Il me prend pour un pitre drôle !

Cocorico sur son clocher
Lui ne craint pas la foudre
Ni d'être un jour dévoré
Qu'avec du vent en découdre…

Alors Basile, mon fils, je te le dis
Chante à la pointe du jour
Pousse les plus beaux de tes cris
Pour les poules des jolies cours

Mais si tu t'y mets aussi la nuit
Le monde n'aura plus de repos
Alors il sortira ses maudits fusils
Pour te chasser aussitôt

Pour être entendu et écouté
Pour être bien vu et compris
Pour être aimé et bien aimer
De la mesure point de mépris !

Je retourne à mon poulailler
Le caquet un peu rabattu
A l'aube j'irai me percher
Après ton chant entendu !"

MLF le 02/02/2015