Ma peau est plus pâle que le linoléum
Allongée dans ce lit où s'étendent les jours
Je le vois, je le lis, oui je lis dans l'air lourd
Ce poème esquissé, par crayon et par gomme

Hier, quittant la clinique de briques rouges
Je passai l'examen qui me dirait enfin
Le nombre de semaines, avant qu'il n'aille et bouge
Ce mal figeant la bouche et raidissant le teint

Sous ces draps étouffants s'enchainent tous les soins
Vaccins et exercices, dictées, tests, mouvements
Menus "hypocaloriques"* et médicaments
Les couloirs arpentés me semblent longs et loin

La famille défile, me donne des nouvelles,
Raconte le trajet et me dépeint le bus
Elle est ma guérison, l'extérieur et bien plus
Elle m'affecte, m'agace et ne prend rien sur elle

Les draps m'ensevelissent, je m'enlève et me lève
Les rêve m'élèvent loin des cocons collants
Je dors tant que le jour en devient fatigant
A défaut de la paix, je demande la trêve

Demain paraît, couloir gris, long et loin d'ici
Septembre me semble vague, tout aussi lointain
La notion du temps m'offre le quotidien
Posé d'un tronc gelé transpercé de récit

*ironie (les frites sont hypocaloriques. D'après eux, du moins. A part ce détail, ils étaient tous adorables.)

A un membre de ma famille (rétablie, heureusement!)