Dards dardant l'oxygène d'alertes pérennes
Essaims de dards éternels, mauve lavande
Embaumant, elle-même piquée, les fontaines
Envahies, les fruits gâtés, repoussante scène

Dards pointus cernés de rayures obscures et jaunes
Nageant, je répands l'eau chlorée, les bords dallés
Perdent leur éclat blanc, couvert d'eau, et l'allée
Attire dards en banc, meute, troupeau, sa faune!

L'un d'eux aspire de sa bouche vive
L'eau orpheline, et je m'attendris sans le vouloir
Comme pour m'éprouver il tombe eu lieu de boire,
Se débattant dans le bassin, guêpe captive

Il me suffit d'approcher la si fine feuille
Du dard et des pattes immergés de litres
D'hectolitres, prison lumineuse comme vitre,
Mes index frémissent, saisissent la tige, au seuil
Du sauvetage. Mon œil, puis mes mains, se ravisent.
Ce dard se plantera dans ma peau si j'agis.
On parle d'héroïsme, torture, hémorragie
Ou mort, faciles puis qu'abstraites! On devise
Sur le sacrifice, ignorant le mot théorie !

En voyant la noyade de ce dard, il me prit
De l'appeler "guêpe" pour la première fois
De regretter ma lâcheté, on en périt
De le prendre sur moi, d'écouter d'autres voix

N'assimilez pas la souffrance au blanc linceul
Des neiges blanches, d'une élégance pâmée
La souffrance interne pique, se fait détester
Est laide. Effraie. Sauvons nos peurs, leur détresse
Vous vaudrez mieux que moi, que la lâcheté cesse!
Courage au fond d'un jardin, sans témoin, tout seuls.