"Il est seul. Sa boussole interne mais inerte
Indique pour tout Nord l'étendue de sa perte." (j'ai l'orgueil de me citer)
***
Son gilet est orange, épaix et moelleux
Il se reflète dans l'immense étendue bleue.
L'observer, le radeau parait ainsi plus grand.
Ignorer la mer sans direction, un instant...

Respirer, esperer une contrée sucrée
Où explose la joie, où frappe la richesse
Où seule l'inculture serait oppressée.
L'opression, la bombe, à toutes ces pensées
Par réflexe certains migrants, vite, se baissent.

Inutile geste! C'était la guerre, hier
Aujourd'hui, la noyade et demain le mépris.
Aujourd'hui, ils la tentent, l'exode, à quel prix!
Un passeur souriant l'a fixé : c'était cher.

Pourquoi continuer? Sans sombrer dans les eaux?
Une baudroie aiguise sa lampe cruelle
Les familles, quelques kilomètres plus haut
Pensent aux frères morts, ou qui ne pouvaient suivre,
Agonisant, ils pensaient à fuir et à vivre.

On aperçoit la côte, et l'on se tasse encore
On ne placera plus la mort en anaphore!
La terre promise, le nouveau continent
Face à leurs détresse, saura être accueillant

Mentaient-ils, ces migrants, qui, pour tous leurs enfants
Ont tranché les vagues et ont risqué leur vie,
Ont gagné l'Europe hautaine ou compatissante,
Quand ils nommaient ces nouveaux pays, "utopies"?