Poète,

Poète il faut laisser tes livres,
Dormir jusqu'au retour du froid,
Si tu ne prends le temps de vivre,
Personne ne vivra pour toi,
Donne ta plume au vent qui passe,
Jette tes cahiers aux orties,
Les enfants nous font des grimaces,
Plus belles que la poésie.

Poète il faut laisser ta muse,
Dormir jusqu'au retour du froid,
Voici le temps où l'on s'amuse,
Comme on s'amusait autrefois,
Tout le reste est littérature,
Et là où personne n'écrit,
Les belles nous font des blessures,
Plus belles que la poésie.

Poète il faut laisser tes larmes,
Dormir jusqu'au retour du froid,
Les oiseaux font un tel vacarme,
Que ton chagrin ne s'entend pas,
Loin de te couver sous leurs ailes,
Pour se soucier de tes soucis,
Ils font la cour aux hirondelles,
Plus belles que la poésie.

Poète il faut laisser ta lyre,
Dormir jusqu'au retour du froid,
Toi qui es enclin au délire,
Viens délirer dans les sous-bois,
Au grand concert de la nature,
Où règne un peu trop d'harmonie,
Les corsages ont des déchirures,
Plus belles que la poésie.

Poète il faut laisser tes livres,
Dormir jusqu'au retour du froid,
Voici le temps où l'on s'enivre,
D'un bonheur qui ne s'écrit pas,
Si le printemps n'est pas poète,
C'est sur les arbres qu'il écrit,
Les initiales d'amourettes,
Plus belles que la poésie.

Si le printemps n'est pas poète,
C'est sur les arbres qu'il écrit,
Les initiales d'amourettes,
Plus belles que la poésie.

Patrick