Questions.

Sur les plages de ma vie
Se dessinent les pas de mes envies,
Sur le sable de la plage vide
Les empreintes du vide,
Inscrivent leurs pages d'insomnie
Sur mes âges endormis.

Seul sur cette grève
Ma solitude égrène
Le temps qui fuit,
Mon attitude emmène
Un étang d'ennui.

L'horizon est loin devant moi
Les saisons poindre sur mon moi
Comme des oraisons sans vibrations.

La chanson de la mer devient amère
L'intention de hier revient sur le même air,
La vision de l'hiver ceint mon cœur,
Étreint mes heures dans un étau d'erreurs.

Seul sur cette plage, je suis seul.
Seul, face à ma page je suis seul.

Les oiseaux se sont tus
Le vent a balayé mes rêves obtus,
Les eaux ne sont plus pures.
Dans mon cœur s'est installé un rêve nu,
Sur mes peurs perpétrées je confonds les nues.
L'éternel et l'autel.
Les oiseaux n'ont plus d'ailes et tel
Un mirage je sombre seul,
M'engloutis seul.

Où suis-je ? Qui suis-je ?
La plage, est-elle la plage ?
N'ai-je pas inventé toutes ces images ?
Suis-je seul à errer dans ces pages ?
Suis-je seul à perpétrer ces âges ?
Suis-je seul à croire aux mages
Sur cette plage sans nuages !
Suis-je seul à revenir sur mes pas ?
Alors pourquoi ce sable est si rempli de pas ?
Est-ce moi qui fais les cent pas ?
Le ciel est-il le ciel ?
Suis-je ici ou ailleurs ?
Me suis-je inventé et dessiné ?
Ai-je seulement été estimé ?
Le flou de d'ailleurs
Se mêle à hier.
Est-ce moi dans cette vallée de l'hiver ?
Est-ce moi dans cette eau salée de pleurs ?
Est-ce moi sous cette tombe verte ?
Ne suis-je plus sur la plage déserte !

L'absence est plus morne qu'un vieil orme.
Pourquoi suis-je ici ?
Suis-je vraiment ici ?
Où est mon moi ?
Où est mon roi ?
Existe-t-il une loi ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi toutes ces ombres ? Dans ce paysage sans arbres.
Pourquoi tout ce bruit ?
Sur le silence qui fuit,
Mes sens sont en sursis.
O Dieu pourquoi tout ceci ?
Tout existe en vain,
Je n'ai plus de mains.
Et pourtant, je sais que demain viendra.
Je sais que le matin renaîtra.
Je pense. Je ne fais que penser.
Je ne sais que penser.
Tout à l'air si vrai si réel,
Mais est-ce réel ou irréel ?
Qu'est-ce que la réalité ?
Pourquoi l'irréalité ?
Je suis, pourtant !
Mais je ne suis pas exactement.
Je suis en pensée,
Je ne suis pas insensé.
Peut-être me suis-je encensé
Avec mes pensées.
Mais alors, pourquoi suis-je inséré
Dans la société ?
Engoncée, enfoncée d'images endossées.
Qui est qui ?
Existe-t-il vraiment le corps de chair ?
Ne suis-je pas hypnotisé comme la masse ?
Ne me suis-je pas voilé la face,
Pour veiller encore la voile de l'air ?
L'illusion créée est puissamment dirigée.
La fonction éthérée est fondamentalement bien érigée,
Pour que je puisse réveiller progressivement la lumière.
Je ne peux pas élever aujourd'hui, demain et hier.
Je ne peux pas croire que la vie se définit ainsi.

Ne suis-je pas un hologramme projeté
Dans le sillage laissé par les déités ?
Si je suis un programme,
Cette vie ne peut–être qu'amalgame.
Si mon corps est rigide et fixe,
C'est que mon âme dort et s'en fiche.
Si sur l'or de l'aube elle se risque,
Dans les pores de ma peau il y aura risque.
Si sur la coupe de lumières elle s'affiche,
Les portes de l'hiver gèleront l'esthétique.
Si dans l'ordre de l'humanité elle pénètre,
Les aurores d'éternité seront désuètes.
Si ses rayons incendient la fenêtre,
Les zones d'interdit sortiront de ma tête.

Méditation août 2001.