Flanqué dans mon canapé
Pour passer un temps à rien
Rien dire, rien prévoir, rien espérer
Arrêter l'instant, cœur des immortels
Et puis fermer les yeux, déployer mes ailes
Devenir lumière, devenir l'étincelle
Tout envoyer valser
Me savoir flamme d'amour
Me savoir souvenir, et puis quelquefois toujours
Me savoir l'improbable à jamais m'essouffler.

Retirer mon costume, me mettre à nu
Plus d'époque, plus d'histoire, juste l'inconnu
Être poussière, être de ce soir
Sans souvenir, et devenir
La mémoire, le dérisoire.
Ne plus savoir le mot guerre
L'enlever du dictionnaire.

Ce n'est pas terminé...
Retirer ma peau, la rendre au ciel
Danser comme un camé,
Rencontrer les morts
Leur parler, me parler de mon sort
Et puis briser mes os, rencontrer ma moelle
Devenir imprévisible, devenir insensible
Ne plus jamais m'écouler
Pour déchirer ce contrat.
Et enfin... m'éclipser.
Voler au-dessus des terres
Rencontrer l'univers
Dérober des mots d'amoureux
Leurs sûretés, leurs infinités,
Quand ils oublient à jamais
D'être éphémères.
...
Et m'écrouler
...
Et m'écouler
Dans mon canapé
Je lève les yeux pour affronter
L'horloge
Mais l'aiguille n'a pas bougé.