J'ai paumé mon cœur à la seconde où je naissais, dans les bras enchantés de ma mère adorée
J'ai paumé mon cœur dans l'enfance hallucinée de guerres incessantes : des cris sur des baisers
J'ai paumé mon cœur aux leçons récitées par des pantins inanimés, déshumanisés
J'ai paumé mon cœur sur un piano brûlé par des doigts défaits d'une folle fée
J'ai paumé mon cœur dans le bus fou des jeunesses estropiées de maudite société
J'ai paumé mon cœur dans les pleurs inconsolables d'un ange déchu sans papier ni cahier
J'ai paumé mon cœur dans le tombeau des lucioles qui me projetait sans collier argenté
J'ai paumé mon corps dans les montagnes glacées où je glissais et même quelquefois tombais
J'ai paumé mon corps au fond des mers bleues-noires où je ne voulais plus jamais remonter
J'ai paumé mon corps sur les routes de France comme un serpent qui danse en rythme secoué
J'ai paumé mon corps aux villages vieillis dans des coins salis autant que moi paumé
J'ai cherché alors dans les brumes d'un lac aux reflets du monde, un sourire doré
J'ai cherché des rêves dans les mondes enchantés des dessins animés que j'ai tant aimés
J'ai cherché l'oubli avec un balai magique au fond de mon cerveau, j'en suis revenu bredouille
J'ai cherché l'oubli dans mille bars et mille bras, à la déchètterie, et même à la Foir'fouille
J'ai tourné page après page et livre après livre, ma courte histoire écrite à l'encre invisible
J'ai tourné la terre des opiums solitaires et des chairs arrachées me croyant invincible
J'ai paumé mon cœur vers l'infini du vide entre les galaxies que je nomme « impossible »
J'ai paumé mon monde
J'ai paumé le monde
J'ai paumé mon cœur à travers les imbéciles que je mimais comme un clown statique
J'ai paumé mon cœur abruti de télé et de toutes les déviances politico-médiatiques
J'ai paumé mon cœur en me souhaitant Dieu alors que je ne suis qu'un triste moustique
J'ai paumé mon cœur et aussi mon corps, devant la grâce de la grande musique
J'ai paumé mon cœur
J'ai paumé mon cœur
J'ai attendu mon cœur, fleurs à la main, sortant du coiffeur, au coin de rue paradis
J'ai attendu mon cœur, veines ressorties, couteau entre mes dents, sans bague ni radis
J'ai fait danser mon cœur dans les mains d'une brune-soleil qui ne regardait que mon triste chéquier
J'ai fait danser mon cœur dans le cœur d'un autre cœur que je ne n'ai pas su faire tanguer ni aimer
J'ai fait danser mon cœur avec ma solitude, aux reflets brume-soleil, que je ne n'ai jamais su quitter
Je fais danser mon cœur et mes ailes d'albatros sur du papier blanc que j'aime tant brûler
Je fais danser mon cœur et mes ailes d'albatros sur du papier blanc que j'aime tant brûler
Écrit par feuille_au_vent
à l'heure des feuilles mortes, la fumée est belle.
Catégorie : Divers
Publié le 28/10/2017
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Un beau bilan dont les versets soulignent combien les chemins de la perdition sont multiples, mais aussi divers ceux de la recouvrance. Merci Jonathan pour ce parcours en poésie ! | |
jacou |
Merci Georges d'avoir lu et commenté ce poème assez indigeste mais que je me devais d'écrire. | |
feuille_au_vent |
Du Romain Gary en poésie, j'adore ! Il n'est pas indigeste à mon avis, c'est un très grand style | |
Galerion |
Je te remercie Galerion ! Je n'ai jamais rien lu de Romain Gary, il faudra que j'y pense. | |
feuille_au_vent |
Un magnifique poème unique en son genre, pourquoi ? Parce ce que le coeur de ton écrit c'est toi. Et même si ton coeur est paumé, si il a cherché, attendu et fait danser, il BAT ! Pas indigeste du tout au contraire, j'ai beaucoup aimé l'entendre. Merci petit Prince. | |
suane |
Merci Suane ! Ton commentaire me touche beaucoup. | |
feuille_au_vent |
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