Tous les matins du monde je demeure sur mon banc, absorbé,
à l'écoute du chant sobre d'un oiseau perdu
dans les hautes branches d'un arbre
qui me donne son ombre.
Je fixe les rais du soleil
qui serpentent sur le toit du clocher de l'église
et glissent le long de ses murs,
comme du lierre enflammé.
Et ce ciel un peu sombre,
d'un bleu indéfinissable.
Le bel écrin des brumes s'est défait,
et quelques gouttes recueillies
sur les paumes de mes mains
rafraîchissent mes tempes douloureuses.
C'est d'avoir trop pensé aujourd'hui
qui m'aura fait tomber dans cet état-là,
ou bien n'ai-je pas su dépasser
la contradiction maligne
qui se faisait en moi toute petite,
comme ces gouttelettes d'une fièvre
que je choyais en les ressentant,
mais que je n'ai pas su exprimer hors de moi.
Je fus jeté, il y a quelque temps déjà,
et j'en atteste le dieu absent,
du nombre des hommes,
n'effectuant parmi eux que des métiers serviles
où, plus obséquieux je me montrais,
plus m'indiquait-on encore de me taire
quand j'aurais souhaité crier.
Non, je ne voulais pas être reconnu des leurs,
c'est cela que je dis, mais pourtant,
une place était-elle à prendre,
qu'on m'accordât un peu de considération,
en m'invitant à parler,
comme les autres hommes.
Peut-être en aurais-je éclairé un ou deux,
sur notre condition commune. Qu'importe...
Ai-je fondé une philosophie nouvelle ?
Je le crois : j'ai su prendre la mesure de mon temps,
déployer les étapes de la progression
de la pensée humaine depuis les origines,
vers le but qu'elle atteindra,
si elle écoutait sa nature...
J'ai sans doute plutôt bâti une religion,
et j'ai fait un sacrifice pour l'instaurer :
je me suis offert.
Pourtant, la moitié du chemin de ma vie parcourue
m'a clouée sur ce banc,
où je somnole depuis des années,
oublié de presque tous.
Non, j'ai ma famille, une chambre, un bon piano fidèle,
personne ne me contredit.
Faut-il être contredit ?
Pouvons-nous assumer les mots que nous dictons ?
Sommes-nous assurés du pouvoir des mots ?
Et notre silence, n'est-il pas plus digne...
(à suivre)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 29/05/2014
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JE TE LIS TOUJOURS AVEC UNE ATTENTIVE AMITIÉ JACOU | |
flipote |
Je te remercie, très chère flipote, pour ta lecture et ton attentive amitié que je partage. Cordialement. |
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jacou |
un livre ouvert au monde, merci grand poète et très cher ami jacou pour ces magnifiques écrits que tu nous fais partager en toute amitié... bien à toi zeste |
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zeste |
Je te remercie, très cher ami zeste, pour ton commentaire chaleureux. Cordialement. |
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jacou |
Merci très cher jacou pour ce superbe hommage à Hölderlin. Vous parvenez à vous glisser par la poésie dans l'esprit de ce grand philosophe pour nous livrer ses sentiments enfouis, ces pensées éparses qui précèdent ou suivent un travail d'écriture. Vos vers sont plus austère qu'à l'accoutumée, ce qui sied fort bien au sujet : plus d'ornements nuiraient à l'aspect sincère et percutant de ce poème. Bien à vous. Florent |
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Florent |
Merci, très cher Florent, pour votre commentaire chaleureux et très avisé : en effet, le sujet se prêtait à un traitement plus dépouillé du flux de conscience. Cordialement. |
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jacou |
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