...La tête me fait souffrir parfois,
il faudrait que j'écrive comme ceci
et comme cela sont en rapport d'harmonie.
Qui rendra sa couleur au ciel qui se surpasse ce matin ?
Avais-je jamais été en telle splendide compagnie par le passé ?
Je ne le crois pas,
ou cela me serait présent à l'esprit.
Être présent, c'est le cadeau qu'on donne de soi-même,
sans vouloir jouer de mes mots.
Je dois continuer à regarder,
afin de tout rapporter tout à l'heure entre mes murs.
Mes gravures sont insipides,
les dessins, j'aimerais bien en faire.
Aimerais-je mieux la fille de la maison,
comme j'ai aimé jadis ?
Non : on n'a qu'un seul amour pour toute une vie,
et c'est déjà bien assez.
Qui ne nous a pas vu naître,
ne nous verra pas mourir.
L'amour est-il alors possible dans la durée,
comme un marbre qu'on veinerait du sang de ses doigts
qu'on a laissés glisser sur un dos ?...
Parfois, un chien s'approche, renifle,
c'est toujours le même et il me connaît bien.
Il n'est pas de la maison.
Peut-être les voisins le lâchent-ils
pour qu'il s'ébroue dans l'herbe à mes pieds,
me tenant compagnie,
puisque personne ne vient parler avec moi
plus de quelques minutes.
Que notre mutisme nous garde de dire des sottises !
Et ce n'est même pas sûr, on peut les penser...
Autrefois, je n'étais évidemment pas un ange,
mais je me croyais des dispositions
à faire naître le bonheur.
Sur toute la surface de la terre,
je rêvais - peut-être les ai-je vus -
à des peuples fraternisant,
remisant les armes,
embrassant un même chant.
Pourquoi celui-ci plutôt que celui-là ?
Nous sommes tous égaux.
Infortunée liberté,
tu ne verras pas beaucoup d'hommes en ce siècle
dignes de ton nom.
Je ne crois pas trop qu'il y ait eu un âge d'or,
pourtant, je crois que même au temps des dieux et des oracles,
on était libre de vivre ou de mourir.
C'est le destin qui dictait cela,
mais c'est l'homme qui se lisait dans sa main,
laborieuse ou oisive,
et comme ces gouttelettes à mes tempes réfléchissait,
rafraîchissait sa pensée dans la lumière divine du ciel.
Il ira vers le grisâtre, ce ciel,
couleur plus âpre d'après-midi d'automne,
mais je sais qu'il mourra
dans la persistance d'un rose sanglant
qui, sur le soir,
tremble en s'effeuillant comme l'arbre parmi le vent...
(à suivre)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 30/05/2014
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un récit splendide, qui parle aux coeurs, " infortunée liberté, tu ne verras pas beaucoup d'hommes en ce siècle dignes de ton nom" magnifique, mon cher ami jacou, à chaque lecture on découvre une facette nouvelle que l'on avait pas remarquée...bref très bel hommage, et vivement la suite... bien à toi zeste |
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zeste |
Même phrase que zeste qui m'a émue, j'attends aussi la suite avec impatience... Cordialement. |
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rebecca |
Merci beaucoup à vous deux, très chers zeste et rebecca, pour vos commentaires qui me touchent profondément. Bien à vous. P.S. : je me rends compte avec retard qu'il faut que je précise que Friedrich Hölderlin a vécu entre 1770 et 1843, qu'il a été poète et précepteur durant sa jeunesse jusqu'en 1806, puis qu'il a basculé après cette date dans la folie et il a été alors hébergé jusqu'à sa mort dans une chambre par une famille d'amis accueillante. C'est à l'approche de sa mort, en juin 1843, que je le fais "parler". |
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jacou |
Merci très cher jacou pour cette nouvelle partie de votre hommage à Hölderlin, ainsi que pour ces précisions. Celle-ci est peut-être plus aboutie encore que la première, le fil des réflexions plus empreint de sincérité, et les allitérations sont me semble-t-il plus nombreuses (mais il faut que je relise la première partie avec attention pour en être certain), sans pour autant nuire au fil conducteur. Une grande réussite dont j'attends la suite avec impatience ! Bien à vous. Florent |
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Florent |
Merci, très cher Florent, pour votre lecture sensible. Fidèle au traitement d'un flux de conscience qui s'effiloche et se reprend, j'ai effectué le moins de contrôle possible sur l'écriture. Cordialement. |
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jacou |
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