La nef d'argent était refaite à neuf pour nous
Le navire étreignait les "saules riverains"
Ce spectacle avait ses obstacles à nos yeux fous
Dressé devant nous qui étions ses souverains
La belle nef à la pure ligne esquissée
Qu'un dessein hâtif avait gréée pour la mer
Les sureaux l'entouraient telle une couronnée
D'un jour faste où nos vœux allaient sonder l'amer
Les vagues où nous voguâmes portaient notre âme
A des désirs sidérants d'azurs d'un bleu sûr
Nous étions dix à bord, des messieurs et des dames
Porteurs d'une mission, défricheurs d'aventure
Le ciel avait la vive teinte du navire
Où que nos yeux portaient sur l'horizon des brumes
Nous ne sentions plus les bornes d'un monde en délire
Qui nous tendait de droit ces rêves qu'on allume
Des cendres d'incendie noircissaient tout le ciel
Un volcan colérique avait tonné naguère
Sur ce Rivage des Syrtes, choc démentiel
Dont nous recueillions les feux tel un fait de guerre
Les hommes servaient du thé fort aux femmes en armes
Un jour sur deux, puis nous échangions nos fusils
C'était un jeu, nos joues singeaient des rires, larmes
Et alarme avaient leur part en ces bords, aussi
(Nous longions l'Afrique, revivant les moments
Où Hannon de Carthage avait voyagé, lors
Des siècles après, Magellan fit mouvement
Et encercla le continent d'ivoire et d'or)
Nous nous tenions toujours au bastingage avant
Friands de découvrir tant de bonheurs nouveaux
La beauté d'un grand ciel où souffle un très fort vent
Démêlant les mèches des dames parées d'eau
Les nuits étaient saintes comme les jours joyeux
Il y eut plus d'une idylle à fêter céans
Tout nous absorbait pur, tout était pour nos yeux
Le voyage dura longtemps sur l'océan
L'enchantement prit fin en touchant au vieux port
Les docks d'Orsenna étaient tout pleins d'un grand bruit
Il se disait que la guerre était en transport
Que les Syrtes donnaient à la mort tous les fruits
(inspiré du "Rivage des Syrtes", roman de Julien Gracq)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Arts
Publié le 28/05/2017
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Un bel hommage à l'une des oeuvres romanesques majeures du 20è siècle | |
banniange-deleted |
Merci Banniange pour ton commentaire. Je suis pleinement d'accord, c'est une des œuvres les plus marquantes du siècle dernier, et l'un des meilleurs romans en français aussi, tant le style et l'idée y prévalent. | |
jacou |
Je ne connaissais pas, j'ai apprécié, merci, Jacou, de nous faire connaître ce roman. | |
lefebvre |
Tu explores tout univers en poésie et tu arrives à nous emmener dans ton univers...Encore une de tes belles créations ! bravo Jacou. Comme Daniel, je ne connais pas ce roman. Merci. | |
suane |
Merci à toi, Daniel, surtout, d'avoir apposé ton commentaire au bas de mes lignes qui résument un épisode de ce beau roman que je te recommande. | |
jacou |
Merci chère Suane pour ton message : nos univers respectifs sont faits pour être partagés, échangés sous la forme de la poésie que nous désirons. Nos désirs sont des ordres, après tout ! Je te recommande ce très bon roman de Julien Gracq. Si jamais tu as lu "Le Désert des Tartares" de Dino Buzzati, il y a un fond de ressemblance entre ces deux romans, qui sont courts par ailleurs. |
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jacou |
Jacou je ne connaissais pas non plus mais je vais lire ces livres. Bonne nuit. | |
roserose |
Merci à vous Roserose pour votre commentaire ! Bonne nuit. | |
jacou |
Ce que je trouve extraordinaire , c'est ta capaciter de mélanger la réalité historique avec les faits irréels du roman ( je suis allé lire un résumé) et tout cela avec une superbe poésie...bravo Georges ! | |
Yuba |
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