Etait-elle étincelle allumée la dernière
Ange qu'une mésange portait sur ses ailes
Ou la cendre d'un incendie qui, né d'hier
Avait ravagé la contrée de terre à ciel ?

Etait-elle prunelle en tes yeux adorés
Luisant à l'aurore ainsi que le feu du soir
La vengeance d'aigles dans les cieux mordorés
L'ivresse agile d'un torrent chargé d'espoir ?

Non, elle n'était rien qu'un reflet passager
Dans un miroir, la trace laissée bien vacante
D'un voyage vers le pays des gens âgés
Et sa jeunesse hâlée était très émouvante

Elle était beaucoup plus qu'une dame d'atours
Dans la maison de retraite où je l'attendais
Resplendissante dans un monde de vautours
Je prolongeais mes jours, pour la voir, je mendiais

J'étais un papy seul, ma vie : montagnes russes
La faute à l'enfant que je fus qui ne savait
La femme qui me rendait mes jours, jolie puce
J'avais capté son âme en lui contant mes faits :

"Ma jeunesse orageuse a ses zones d'ombre
J'étais un grand bandit, sevrant d'or le bourgeois
Les années de prison m'ont rendu bien plus sombre
Je n'espère rien de l'homme ; or en toi je crois !"

Etait-elle magie de la jeunesse heureuse ?
Elle décida de me ramener sur l'heure
A de doux sentiments, et mon âme boiteuse
Rendue âpre, accepta d'oublier tous mes heurts