La montagne qui s'orne en neiges éternelles
Envoie dans les vallées ses torrents impérieux
Dressant fièrement vers le ciel sa haute cime
Dont est le contrepoint moral le sombre abîme

Montagne qui barres mon horizon d'attente
Je fais là le serment de gravir une pente
Où le vertige ultime inspirera ma peur
Et si j'arrive en haut ce sera la stupeur

Se vaincre soi-même est un danger pour l'homme
Il convient qu'il sache sa hauteur de trois pommes
Et son corps d'argile n'est pas la dure roche
Un coup de vent rapide a raison d'une approche

Amis me conseillant de rester dans les plaines
De votre assentiment notre histoire est trop pleine
Je veux voir une fois ce qu'il y a derrière
Demain n'est-il pas fait pour surmonter hier ?

Si je reviens précieux d'un trésor arraché
J'aurai foi dans mon âme et je rentrerai chez
La femme qui m'attend dans la maison des ombres
Que lui fait, pleins d'à-pics, la masse qui encombre

Comprenez, la montagne a l'air de reculer
Devant ma folie qui est aussi volonté
Je veux boire un glaçon de la neige ennemie
De mes pas surplombant le nuage à demi

C'est à ce prix bien seul que je serai vainqueur
Et si je redescends j'aurais un nouveau cœur
Armé du courage de qui a parcouru
La limite du jour sur le sommet des nues