Monsieur le grand Poussin, l'Italie vous accueille
Vous êtes le premier dans l'usage du Tour
Tel ce Claude Gellée, Lorrain qui se recueille
Où la Renaissance a posé de beaux atours
En des lieux d'Italie, tel ce François de France
Invitant Léonard à finir ses vieux jours
Au bord des eaux de Loire en douce nonchalance
Vous avez voyagé, trouvant meilleurs séjours
C'est qu'il en faut de l'air pour composer vos ciels
Et que de forêts vues au long de maints sentiers
Afin d'en attester la nature essentielle
De monde où le peintre est le spectateur dernier
Votre compère Claude et vous fûtes à Rome
L'arc d'un Trajan n'étant plus qu'un très vieux vestige
C'est dans la légende des siècles que les hommes
Puisent des exemples que troublent des vertiges
Car ce que vous voulez exprimer est poussière
Le Temps ancien damné et des ans les figures
Vous ramassez l'argile en quoi meurt la matière
Vos toiles puissantes sont pour nous des augures
Prémices des siècles apportant les Lumières
Vous faites figurer des éclairs déchirants
Révélant monuments qui ne sont que chaumières
Tandis que les hommes désordonnent leurs rangs
L'éclair vient de Giorgione ayant peint à Venise…
Le ciel fuligineux et les êtres en fuite
Tout s'anime et puis meurt, l'univers agonise
Même l'éternelle structure qui s'effrite*
Ces bâtiments des fonds où la Tour de Babel
Est figurée pour enchâsser le Mal biblique
Puis devant, l'homme meurt, Pyrame sans sa belle
Thisbé, il n'est plus rien qui ne soit idyllique
Puisqu'un siècle classique en France tout ordonne
Il faut des Italiens pour rendre l'idéal
Des ciels constellés d'ors enfiévrés de madones
Un soupçon d'art naïf plaît au seigneur loyal
Désormais, plus rien ne nous relie à Ovide
Ni aux dieux de ces Grecs, ni Thisbé ni Pyrame
N'ont plus moindres sens, mais votre Nature avide
De la Mort, Nicolas, défie toujours nos âmes
*allusion au poète François de Malherbe (sonnet « Bâtiments d'éternelle structure… »)
https://www.classicisme.net/img/oeuvres/nicolas-poussin/stormy-landscape-with-pyramus-and-thisbe.jpg
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Arts
Publié le 20/09/2019
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Arts à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Annonces Google |
J'ai apprécié ma lecture très instructive.. Merci Georges pour ce partage |
|
Belle de jour |
hello! hello! jacou ton talent d'écriture et de savoir est toujours là lalala ... merci :) |
|
MARIE L. |
Merci Georges de conjuguer ton talent d'écriture à ta passion pour la peinture et l'Histoire, moi aussi j'apprends beaucoup grâce à toi ! | |
grêle |
quelle beauté intense quelle épopée j'ai aimé amitiés:) | |
romantique |
Gaby, Marie, Marine et Sylvain, ce jour est beau en poésie, et je suis épuisé par la beauté des poèmes échangés proposés offerts aujourd'hui. Le seul mot qui me reste à cette heure est : merci !!! | |
jacou |
Mille fois merci à toi Georges pour cette grande passion de l'art que tu partages avec nous , merci à toi de contribuer à combler nos lacunes dans des domaines que seuls nous ne pensions forcément aller chercher ...ce genre d'écrits Georges sont fascinants et embellissent de culture générale nos journées ordinaires ...encore Merci à toi ! |
|
Yuba |
Merci beaucoup Assia pour ton enthousiasme. Mon petit poussin est ce poème qui caquette gaiement ! :) | |
jacou |
Annonces Google |