Il est venu dans les grands froids de décembre
Sa hotte n'était pas pleine de beaux présents
Mais il portait les fléaux de l'apocalypse
Acharné à la rédemption de l'âme humaine

Nous avions eu l'espoir, dans les soirs couleurs d'ambre
De nous opposer à sa venue, mais les ans
Filaient pour lui le sombre passage en sa lice
Qui sinue, caverneux, au fond des cœurs en peine

Nous avons eu droit à toutes les invasions
Les maladies de l'âme et maladies des corps
Son dessein affirmé de nous perdre à jamais
S'affichait insolent dans ses yeux fous de guivre

Et pour peu qu'il planât encore un doute à Sion
La guerre prit là-bas, foudroyant les décors
La dimension folle d'un génocide abstrait
Un massacre de plus sur les chemins du vivre

Aucune civilisation n'est à l'écart
De la poigne absolue qui la plonge au déclin
Un seul homme peut-être a pouvoir de tout nier
Hitler, Staline, ont tué plus qu'il n'est de raison

Aussi l'Apocalypse n'est qu'un de nos arts
Nulle religion ne fait sombrer un destin
C'est au fond de l'âme que le gouffre est entier
Et l'homme se meurt d'accepter sa démission