Il glisse, fier, sur l'eau, larges voiles au vent
La proue conquérante, les haubans téméraires
Il vogue tout droit vers les îles du Levant
Gardant le bon cap et suivant l'itinéraire.

Sur l'océan bleuté de cristal et d'étoiles
Les marins scrutent la mer en haut des mâts vermeils
Tels des vigies veillant aux dangereux squales
Gardiens de paix sous un radieux soleil.

Le bateau, soudain, a repris de l'élan
Accompagné du chant des dauphins et baleines
Qui suivent, en un troupeau, son sillage blanc
En glissant sur l'onde prismatique et sereine.

Ce voilier, gréé au chantier après retape
Encalminé l'hiver pour repeindre l'étrave
Glisse donc sur les flots, maint port est son étape
Où il brille à l'arrivée : dès lors on l'entrave.

Ses rêves de bois vont aux mers du Sud splendides
À la liberté de naviguer loin des hommes
Qui, pendus aux voiles, sont d'escales avides
Quand lui voudrait flotter l'éternité, en somme !

Voulant se débarrasser de son équipage
Il reprendra la mer, au défaut d'une chaîne
Mal arrimée, et lors, renouera son voyage
Et son vœu réalisé : sans la vie humaine !

Cro-Magnon et jacou