Le souffle glacé de l'hiver qui transperce les corps et les âmes
Une épaisse brume qui se faufile à la tombée de la nuit
Les lumières artificielles de la ville projettent leur étrange éclat
Dans une gare de campagne, où des anonymes attendent dans l'ennui
Spectateurs d'un chef d'œuvre artificiel et acteurs de leur existence
Les secondes s'écoulent pour eux comme s'écoule la rivière
Des spectres glissant vers la grande ville dans une inquiétante danse
Je me joins à la foule comme on se jette à la mer

Au milieu de toutes ces figures pâles et de ces squelettes sans cœur
Une silhouette semble se détacher et s'attacher à un autre ailleurs
Est-ce toi, un fantôme, ou bien une inconnue qui te ressemble ?
Sans un bruit, je frôle cette apparition et mon cœur tremble
Ce sinistre et sublime décor propice aux rêves les plus utopiques
M'absorbe dans un tableau de personnages les plus ordinaires
Dans lequel inconnus et peintre se perdent dans leur banalité dramatique
Moi seul sachant que ton absence donne vie à ce sombre paysage d'hiver.