Emmoh Aled Erret,
le dernier des Vampires.

" Otez-moi cette croix qui orne la cheminée
Ce rosaire, le miroir, ce rameau d'aubépine
Je ne supporte pas cet homme crucifié
Un des rares sang humain exsangue d'albumine.
Errèug, Trom, montez au sommet du volcan
Regardez fusionner cette mer écarlate
Vous y verrez bouillir un océan de sang,
Et jetez-y vos âmes couvertes de stigmates."

Cybèle avait alors dans son ventre fertile
La semence d'un poète presque d'un demi-dieu,
Avouant son forfait en déesse servile
Reçue un châtiment de ses enfants furieux ;
« De cet enfant bâtard tu porteras le deuil,
Il ensemencera, Il créera un Empire,
De sang se nourrira, de foyer un cercueil,
Nul soleil ne verra, d'un pieu devra mourir.
Au «  Peuple des Vampires » nulle sorte d'euphorie
De ses mille légions, nulle résurrection
Un même centurion pour cinquante centuries
Maudit sera ce peuple jusqu'à l'expiation. »

Plus tard de nouvelles alliances se créèrent
Les Légions de vampires s'unirent à Satan
Les Hordes de Satan s'unirent à Lucifer.
Les Hommes se réfugièrent dans le Saint-Sacrement.

Je revoie nos débuts, compagnons d'infortune
Réunis tous les quatre autour de nos cercueils
Attendant patiemment une cible opportune,
Notre folle jeunesse valait bien quelques deuils.
Ne vois-tu pas sur toi s'allonger, maléfique,
Imprudente passante qui longe les catacombes,
L'étreinte redoutée d'une ombre vampirique
Descendre du manoir où s'entrouvre une tombe. ?
Je fonce sur ma proie aussi vif qu'un jeune aigle
Dans une ruelle sombre où résonne mon rire
Assouvissant ma soif de vampire espiègle
Je récolte son sang dans un bol de porphyre.
Jeune fille égarée à la poitrine offerte
Tu buvais notre sperme quand nous sucions ton sang
De ton regard vitreux, à ta bouche experte
Tu gisais sur la couche, nous nous lavions les dents.

"Souviens-toi Erutan, tes cyclones mortels
Tes ouragans terribles, tes tremblements de terre
Tu jouais de la lyre, bienheureux ménestrel,
Comme un guerrier arabe avec son cimeterre.
Et toi, mon tendre Errèug, aux millions de victimes
Sur quelles meilleures tables, célèbre Amphitryon,
Pourrons-nous déguster un sang aussi sublime
Que celui qui viendra, des champs d'Armageddon. ? "

"De Lestat de Lioncourt à Verney le Vampire
Le Chevalier Azzo, Carmilla la Comtesse
De Néron l'incendiaire aux meurtres de Shakespeare
Noir la couleur du deuil, noire la couleur des messes.
Le petit caporal, assoiffé éphémère,
Qui nous fournit en sang pendant plus de mille ans
Ou bien ce général qui aima trop la guerre,
Purifiant nos sillons qu'il abreuva de sang.
Regardez Robespierre passé Maître Sanguin,
Décapiteur génial de toute une populace,
Se poudrer le visage, du sang sur chaque main
Coulé des tombereaux qu'il suivait à la trace.
Nos nègres africains, nos frères noirs de race
Friands d'hémoglobine, de diamants, de bijoux,
Qui achetaient les machettes négociées au palace,
Bistourisaient leur peuple et lui tranchaient le cou.
Quelques viols anodins, des enfants démembrés
Mettaient nos légionnaires en toute confiance.
Nos vampires de couleur avaient le geste gai,
L'enthousiasme agréé d'une belle insouciance.
Plusieurs anges passèrent, et même quelqu'Apôtre,
(L'or attire les hommes cupides abjects et vils,)
Du côté plus obscur où dans la nuit se vautrent
Les âmes pernicieuses aux penchants juvéniles.
Je me mets à genoux devant l'être suprême
Devant le plus immonde mais non moins délicat
Séide de Lucifer, condamné d'anathème
Le Prince de l'horreur, le Comte Dracula.
Qu'avons-nous aujourd'hui à mettre sous la dent,
Un vieux chien enragé, une vache laitière ?
Qui veut d'un verre de lait à la place du sang ?
Nous en avons perdu nos deux dents sanguinaires..
Oh, vampires du monde! Je vous rends cet hommage,
Nombres de centuries rejoignent les profondeurs,
Ici n'est que tueries, génocides, carnages
Depuis que l'être humain nous surpasse dans l'horreur.
Je vomis tout ce sang qui hante ma mémoire,
Promeneurs solitaires et tous leurs épigones
Qui à travers les siècles remplirent nos abreuvoirs
Et dont je sens en moi ce dégout qui bouillonne.
Je ne prends plus plaisir aux attraits de ce monde,
Quel est donc cet objet qui bat dans ma poitrine
Et qui fait circuler cette aigreur qui m'inonde?
Est-ce-un cœur rédempteur ou une guillotine.?
Je ne peux ignorer ce feu qui m'abandonne
Je crache sur mon cercueil, je chie sur l'univers
Je m'en vais retrouver les divines Gorgones
Me vautrer dans le stupre, je retourne aux Enfers. 
Je sais bien qu'aujourd'hui nul ne prendra ma place
Moi, Emmoh le vampire, je serai le dernier.
Et quand les hommes enfin, rayés de sa surface
La Terre verra alors la fin des Carnassiers. »

Le dernier des vampires près de l'âtre brûlant
Pour la première fois profita de Phébus,
Mais les rayons solaires se firent si violent
Qu'il se désintégra… au premier angélus.

Écrit par namathhura
tenir et durer
Catégorie : Amitié
Publié le 15/11/2017
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 15/11/2017 à 15:27:57
Superbe cataracte d'images flamboyantes, d'imprécations et de désolations pour évidemment en arriver à ce terrible constat: Les humains dans l'horreur ont surpassé Nosferatu et ses avatars!
banniange-deleted
Posté le 15/11/2017 à 18:29:24
D'une beauté confondante, votre poème sublime teinté d'un sanglant et vivant romantisme m'a ému : il valait bien que vous y ayez travaillé d'arrache-pied pour obtenir cette belle quintessence, toute efficace dans le déroulement constant de ses vers dont pas un ne pâlit (paradoxe pour un vampire) comparé à un autre. Quelle inspiration, j'en reste étourdi ! Je mets ce morceau de poésie parmi mes favoris.
jacou
Posté le 15/11/2017 à 20:11:59
Dois-je vous compter parmi mes plus angoissants critiques? Mais celui en qui j'ai toute confiance?
Je suis incapable de savoir si oui ou non un texte que je publie est bon.
C'est vrai, j'ai beaucoup travaillé sur ce poème de plus de 300 vers au départ, j'en ai sacrifié ou réservé.
J'ai mis ce texte en ligne du bout des doigts, dans l'attente de votre commentaire.
Banniange m'a rassuré et vous confirmez. Merci Banniange.
Promettez que si un texte est "nul" de le dire ..et je vous l'accorde, avec diplomatie, comme vous savez le faire.
Posté le 15/11/2017 à 20:21:50
Ce poème est réussi tant dans le climat que sur la forme, on y sent ,au-delà du mythe, une réelle indignation teintée d'ironie envers les atrocités commises par les humains, l'alexandrin n'est pas toujours respecté ce qui ne me dérange pas, à vous à voir si c'est formellement important!
banniange-deleted
Posté le 15/11/2017 à 22:18:14
Dans la plupart des vers je tiens à respecter bien sur l'alexandrin, mais il est vrai qu'emporté dans l'élan je puisse dépasser les 12 pieds.
Dans ce texte je pense que l'importance tient dans la lecture, de la compréhension du texte, de la réflexion qu'on puisse en tirer, et aussi du plaisir de l'écrire. Vous avez saisi que je me suis servi des Vampires que nous sommes pour laisser éclater mon indignation quant a la société dans laquelle nous sommes, tout en étant les moins à plaindre ici en Occident. Merci Banniange.
namathhura
Posté le 15/11/2017 à 23:06:15
Et c'est vraiment ce qui fait la richesse de votre poème excellent, Namathhura ! Non seulement la forme retenue est difficile à souhait à traiter, mais en plus le fond, le contenu est gorgé de mille réminiscences historiques, de tant d'inflexions vers le présent, de belles illuminations en passant : "Le petit caporal, assoiffé éphémère / Qui nous fournit en sang pendant plus de mille ans"...j'extrais et note ces deux vers parmi tant d'autres qui sont des notations si justes, si appropriées.
Vous vous servez au mieux de ce qu'est la littérature fantastique et aussi le grand poème d'époque romantique (voir Hugo ou Vigny) : la dénonciation en parallèles de l'écrit, sous couvert d'une "fiction", des travers de la société des hommes !
Cela vaut d'être noté, et ça concoure le charme tout entier de l'ensemble.
jacou
Posté le 16/11/2017 à 00:22:38
La question que je me pose, Jacou,est; peut-on considérer ce texte comme un poème? C'est vrai que l'alexandrin règne en maitre et sert fort bien le texte voir tous les textes; Je me sens bien dans ce style d'écriture et la difficulté de l'écrire en vers me convient, même s'il m'arrive de me laisser aller, comme le relève Banniange.
Vous l'aurez remarqué....j'aime raconter des histoires avec un réel fond.
Le prochain, bien avancé, est un remake de la bête du Gévaudan, à ma façon, bien sur.
En tout cas, merci Jacou, de consacrer de votre temps à tous les poètes talentueux que je lis régulièrement sur le site
Je pense que vous avez remarqué le nom des Vampires....
Bien à vous.
namathhura
Posté le 16/11/2017 à 00:32:39
Oui, Namathhura, j'ai bien remarqué les noms des vampires ici présents : le Lestat d'Anne Rice, Carmilla de l'Irlandais Sheridan Le Fanu, Varney que je connais moins et Azzo que j'ignorais...
Vous vous demandez s'il s'agit bien d'un poème ? Mais bien sûr ! Simplement, nous avons moins l'habitude en nos temps dévolus à la rapidité (de lecture aussi) de savourer des poèmes de longue haleine et de si belle prestance, qui contiennent de plus en leur sein un récit structuré, une histoire contée de vive voix.
Personnellement, j'aime beaucoup cette forme, et j'admire ceux qui sont capables de donner vie à un récit fantastique et fantasque. Je vous souhaite bien du courage et de la ténacité pour mener à bien votre nouveau projet poétique !
jacou
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28/03 12:26Yuba
En effet ...lol....le même message est reçu en mp pour moi.
28/03 11:48CRO-MAGNON
Super ! Icetea devient un site de rencontres ! Voir les commentaires reçus ce jour sur chaque poème déposé !
26/03 10:53Alphaesia
Merci Sarahg, bonne semaine à vous...
24/03 10:24Sarahg
Bonne semaine à venir à tous et toutes !
24/03 10:23Sarahg
"Quand le destin de quelqu'un s'accomplit, il faut sourire."
21/03 06:35Lys-Clea
Et Bonsoir cher Cro ! :)
21/03 05:16Altair
Ne jamais oublier que le printemps amène les troubles sociaux, braves gens!
20/03 01:20Sarahg
Que ce Printemps soit synonyme de vie et de bonheur !
18/03 03:47Sarahg
"Etre dans le présent est la condition de la paix intérieure."
18/03 03:46Sarahg
Belle semaine à tous !
13/03 08:39Bleuet_pensif
Bonne journée à tous !... :)
09/03 05:43Lys-Clea
Merci avec Retard, cher Sylvain .. Amitié !
08/03 02:52Capucine
Merci pour cette pensée pour toutes les femmes
08/03 12:00Yuba
Merci Sylvain ...bonne fête à toutes les Dames du site.
08/03 06:17romantique
EN CETTE JOURNEE BONNE FETE A TOUTES LES FEMMES POUR TOUT CE QU ELLES APPORTENT A NOS EXISTENCES ET AU MONDE !!...:)
01/03 11:11Chrysantheme
Il leur faut valider ce chef d'oeuvre d'écriture !
01/03 11:11Chrysantheme
C'est aujourd'hui que mon oeuvre passe en commission de lecture
29/02 12:20CRO-MAGNON
Tu peux écrire tous les jours et tu te reposes à chaque 29 février
29/02 10:15Chrysantheme
Et c'est mal parti
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si j'écris pas aujourd'hui je loupe le coche pour 4 ans

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