Pour vivre heureux, vivons « coaché » ?

Nul ne peut aujourd'hui guigner la réussite
S'il entend se passer, pauvre roseau pensant,
Des conseils « avisés » d'un coach se penchant
Sur toutes les erreurs de sa triste conduite
Le coaching est partout, et rien ne lui échappe,
Il est la panacée pour chacun de nos maux ;
Nos travers, grâce à lui, si j'en crois les échos,
Seront vite gommés, et passés à la trappe !
Hier, sans les doctes conseils dispensés par ce guide,
Nos habits, quelle horreur, mal choisis, disgracieux,
Ne nous permettaient pas d'impressionner au mieux
Nos futurs employeurs, afin qu'ils se décident
A nous faire les ponts d'or auxquels nous prétendions
Il eût fallu aussi, dans la conversation
Permettant d'aboutir à cette fin heureuse,
Que les mots « adéquats », loin des formules creuses,
Nous aient été dictés par le coach en question
Dans maintes activités, le coaching s'impose :
Où nous pensions, naïfs, maîtriser en solo
La pratique d'un sport, ou de toute autre chose,
Sans être conseillés par cet alter ego
Rien ne peut échapper à ces nouveaux prophètes
Sans lesquels nos destins, qu'on pensait maîtriser,
Loin de nos espérances, devraient péricliter
Si nous nous passions de ces nouveaux esthètes
On reste confondu devant leur suffisance,
Nous qui, pauvres inconscients, faisant de notre mieux,
Avons souvent géré des parcours ambitieux,
Sans que nul n'ait trempé dans cette indépendance !

Avant d'accréditer ces nouveaux pygmalions,
Censés faire le bonheur des âmes en déshérence
Un doute me saisit : ces coachs en puissance
Ont-ils, auparavant, je pose la question,
Eux-mêmes été coachés ? et si oui, il nous faut
Connaître leurs « mentors », et ceci illico,
Pour suivre leurs conseils, rarement bénévoles
Sans mettre un seul bémol à leurs belles paroles !