J'ai laissé en ce lieu,
Mon regard interdit
Et tous ces petits liens
Qui forgeaient mon amour.
J'ai quitté à regret
Un morceau de ma vie,
Qui vivra loin de moi,
Qui faisait mes beaux jours.
J'ai quitté son parfum,
Au bord de l'asphyxie
Et noyé ses beaux yeux,
Dans mes larmes versées.
Je n'aurai plus le droit,
De revenir ici,
D'écouter ses langueurs,
Les chants de sa poitrine,
Me griser sans remords,
Des sursauts de son cœur.
Garder le souvenir,
De son sourire amer
Et de ses fades pleurs,
Collés sur l'abat-jour,
Qui filtrait sans effet,
Les lueurs de ses peurs.
Elle planera là-bas,
Mon étrange douleur,
Prisonnière elle aussi,
D'un amour évanoui.
Et je conserverai,
Au-delà de ma vie,
Par bribes inconsistantes,
Ces morceaux de bonheur,
Ses impalpables rires,
Ses petits cris tranquilles,
Ses frissons retenus,
Sa peau contre la mienne.
Qu'elle m'offrait sans pudeur,
Je ne reverrai plus,
Celle, qui par hasard,
A façonné mon cœur,
A modelé mon âme.
Je veux emprisonner,
Reclure en un coin sombre,
Attacher à un pieu,
Souder à un rocher,
Tous mes souvenirs d'elle.
Je ne veux pas les perdre.
J'ai effacé les gommes
Et soufflé sur les vents,
Pour éteindre leur souffle,
Protéger le mirage,
D'elle, mon souvenir.
Ma pensée cherchera,
Dans les longs couloirs sombres,
La trace de ses pas,
Halo de son passage,
La vibration de l'air,
Qu'elle aura embaumé.
Elle sera mon amour,
Dans un monde perdu.
Elle sera loin de moi,
Mais je serai près d'elle.

Virgile.