Ce soir, usé par un jour de travail bien rude,
J'ai marché vers mon taudis, d'un pas lourd et las,
Espérant retrouver de mon lit la quiétude,
Pour dormir et oublier que tu n'es plus là.

Hélas Nana, il n´est rien de plus pernicieux,
Pour aiguiser le chagrin d´une âme amoureuse,
Que les troublantes traces des heures heureuses
Passées á lire le mystère de tes yeux !

A peine ai-je franchi le seuil de mon taudis,
Que ton doux parfum vint enchanter ma narine,
Et je fus transporté dans un doux paradis
Qui respire ta présence toute angevine !

Figé, les yeux fermés, les lèvres mi- ouvertes,
Je hume l'arôme de ce cocktail exquis,
Fait d'eau de rose, de jasmin et d'herbes vertes,
Et je nous vois, nous étreignant dans notre lit !

Je vois tes yeux profonds comme deux puits antiques,
Je vois le contour de tes lèvres langoureuses,
Je vois l'adorable fossette malicieuse
Qui, pourtant, rend ton visage si angélique !

Je sens tes savantes mains explorer ma peau
Qui frémit comme la lame d'un clair ruisseau,
Câliné par la mousson, un soir d'hivernage,
Sous le regard contemplatif des frais nuages !

Je goute au délice de ton habile langue
Explorant, O, de ma bouche la moindre fente,
Y diffusant une douce fraicheur de menthe,
Et mon pauvre corps, tout ivre de bonheur, tangue !

Mon regard hagard perdu dans tes yeux profonds,
Je m'abandonne à ton nu corps qui se tortille,
Et nos soupirs se mêlent à notre chanson,
Secrète chanson que le magnéto distille !

J´ouvre les yeux ; à travers le voile de larmes
Je scrute le fond de ma cabane sans charme,
Et, de ton départ, la triste réalité
M'apparut…Nue…dans toute son atrocité !