Mes vagues qui volaient, l'écume morose sur les rochers, le bombardement des faucons. Que je t'aimais… J'ai perdu mes pantins, j'ai perdu ce qui était encore beau. Les gens sont sales, l'automne me rend malade. Moi aussi je n'aime que la mer nerveuse.
Une fleur qui se découvre, la poussière d'un violon, un souffle saccadé, des oiseaux de mers, on peut voir toutes ces choses dans une iris, la mienne est souvent absente…
C'est ridicule de partir de cette façon, sans avoir chanté une valse, ni rencontré le roi des poètes, l'ombre d'un bon diable, s'en être retournée courir sur mes steppes imaginaires ? Ce serait trop bête de ne pas avoir peint les larmes, dessiné un soleil qui s'éteint.
Ma vie se défait...
Mon tendre amour que je t'aimais. Dans une prochaine cellule peut être aurais-je le droit de t'écrire, moi qu'on emprisonne, dans des hôtels blancs. Je pers mon temps dans ces cages. L'oiseau incroyablement lumineux qui se cogne, tu le vois maintenant : sale, personne n'en voudrait, personne ne voudrait d'un oiseau qui ne sait pas voler, mon pauvre amour… Un oiseau qui ne sait pas voler, diraient ils, ce n'est plus un oiseau, Jetons le cette triste bête…
Je voudrais faire inonder mes yeux par les larmes d'un orage d'été, la vie tu sais, n'est faite que d'un instant, un seul… L'amour n'est qu'une longue soirée, une longue soirée dans laquelle j'oserai peut-être dire je t'aime, n'est-ce pas ?
J'ai un souffle au cœur, je voudrais qu'il revienne, quand les notes se brisaient dans ma poitrine, il essuyait le verre cassé, il pourrait encore le faire, il le pourrait. Je voulais un cœur de vent, être tirée par un cerf-volant bleu, ce beau déguisement que j'ai donné à la folie, il est où mon cerf-volant ? Il danse dans mon ciel imaginaire, semblable à celui de mon enfance, c'est vrai qu'il lui ressemble parfois. Sa constellation ou les fragments du monde.
Mon amour, quand je foule encore la terre je ne vois plus rien, il n'y a qu'un géant, pas le nôtre hélas, celui-ci est indigne. On n'aime guère la folie ici, elle danse tristement, cachée sous mon lit, hier soir encore je me suis penchée pour l'écouter, son souffle décline… Elle crève lentement. A moi à moi mes musiciens d'aurore ! Où sont-ils les bougres ! Mon saxophoniste, ma cendre, le loup qui venait décider de mes heures, l'inventeur stupide, mes compagnons de poésies, le cabinet de curiosité où j'y rangeais mes trapézistes ! Il faut les libérer ! Les libérer avant qu'on ne les tue.
Minuscule étoile, si seulement elle pouvait te donner ma lettre, tu saurais aussi que je te demande pardon pour ce cœur de bruit et de désordre que je suis.
Minuscule étoile qui s'arrête aussi.
Aussi…