C'était une vraie matrone
Elle menait son monde comme personne
Grande, forte avec son chignon blanc
Son langage n'était pas cousu de fil blanc

Son visage portait les traces du temps
Des marques laissées par une vie dure
Faite de labeur, de bonheur et de coups durs
Elle avait perdu son mari et n'avait pas d'enfants

Sa demeure était encore à l'ancienne
Faite de briques rouges au sol
Avec sa cheminée à taille humaine
Avec son grand coffre, réserves de bois et d'alcool

Elle faisait le meilleur gâteau de Savoie
Moelleux à souhait et cuit au feu de bois
Quand il lui fallait de l'eau
Elle se rendait au puits avec un seau

C'était ma tante de St Isle
Quand sa vie n'a plus tenu qu'à un fil
Elle m'a confié ces quelques mots
"Profite de la vie" ont été ses derniers mots

C'était il y a trente ans, c'était ma jeunesse
Elle était dure mais ses yeux étaient pleins de gentillesse
Elle avait un sacré caractère, elle était fière
Elle nous aimait sans en avoir l'air

Quand la vie et ses tracas sont trop forts
Quand certains moments sont trop durs
Je me rappelle ces mots dits sur un lit de mort
Je me souviens de ces mots comme d'une armure

Le 21/06/2017