Orgueil...

J'avoue avoir commis le péché de Satan,
Adorable charmeur qui flatte ma superbe.
Ô Seigneur, s'il suffit de lui dire « Va-t-en ! »
J'aurais chassé le diable en me servant du Verbe.

Mais peut-on empêcher sa propre vanité
De croquer dans le fruit dont Ève fut gourmande ?
Après tout, ce péché souille l'Humanité,
Depuis que l'Homme a soif d'écrire sa légende.
Alors, en la rendant plus belle tous les jours
Nous, indignes pécheurs envoûtés par le charme,
Nous lançons à tout va dans un joyeux concours
Qui se joue au grand jour dans un joyeux vacarme.
Combats où l'amour propre enfle outrageusement
Pour aller déguster son quart d'heure de gloire,
Batailles de fiertés où les coqs dans leur chant
Ne voient pas la hideur de leur cri dérisoire.
Seigneur ! est-ce fauter que suivre son instinct ?
Tu sais pourtant d'en haut du royaume céleste
Qu'en se haussant du col personne ne t'atteint
Même moi que l'on dit le fat le plus modeste.
Conscience de moi, tel Caïn eut son œil,
Je veux me repentir de cette outrecuidance.
Mais toi, Père éternel, n'es-tu pas notre orgueil ?
Alors, pardonne à ceux qui te louent dans l'offense.