(Pour Lucyline : que ton inspiration jamais ne manque à l'appel)

Si l'inspiration manque, et que le soir descend
Et que le second vers ne veut pas se transcrire
Je m'évade au passé, voyant l'adolescent
Que j'étais, poète en herbe et ivre d'écrire !

Je cherche à retrouver les cadences si douces
Que je jetais alors sur les feuilles des pages
Plus inspiré par la bière blonde, ou la rousse
Ou bien étaient-ce les filles en leur sillage ?

Je ne quête plus là que quelques mots trop usés
Écrire est une escrime où le vers est vengeur
Il veut me retourner sur mes pas, médusé
De suivre un fil fragile, et cassant par malheur.

La recette peut-être est de n'y point penser
La nuit songe en moi, elle défait son lacet
Elle si lasse elle va dans moi s'adosser
Je contemple* son dos libéré du corset.

Et c'est ainsi que la caresse de la nuit
Commence à petit feu pour prendre son essor
Et rivalise avec les amantes enfuies
Tant et si bien qu'elle est devenue mon trésor !

Et je ne puis* dormir qu'assez rassasié d'aise
Et les mots temple*, puits*, fuient, tant je m'éprends d'elle !
Mes mots sont suscités, la nuit jamais ne lèse
Qui s'est d'un soir épris, et n'attend que sa belle

Sous la forme endormie d'un édredon de nuée
Faisons-nous l'amour, c'est pour engendrer des vers
L'inspiration s'écoule en toute la nuitée
Je redeviens l'adulte au secret univers.

J'étais parti de loin pour la première strophe
Le poème est écrit...mais que dira demain ?
Je suis passé fort près de blanche catastrophe...
Nuit ! Reste encore un peu ! Tenons-nous par la main !

(* Les mots me viennent suscités les uns par les autres, et facilitent mon inspiration qui se laisse porter par leurs appels et suggestions continus)