Dans les aliénations authentiques
Que furent nos relations,
De nos tendres tête à tête
En esquives mutuelles et fuites salvatrices,
Je t'ai perdue,
Retrouvée
Et vaincue,
Me sabrant par cet acte cruel
Tel un samouraï
Que l'on ne décapitera pas
Après l'hara-kiri
Pour abréger ses souffrances.

Cheveux rouges…
Tant d'années à vivre
Dans la pulvérisation
De nos attentes,
Dans le foudroiement
De nos regards
Dans la percée
De nos verbe
Et dans le déchirement
De nos envies.

Cheveux rouges…
Notre drame
Insignifiant et banal,
Fruit de nos affects
Réprimés et opprimés,
Tenus en laisse
Par le socialement correct.
Celui-là, qui provoque
Le décollement artériel
Des cœurs purs
Et frappe de caducité éternelle
Les vieux mythes
Des romances normalisatrices
Donc persécutrices.

Cheveux rouges…
Tant de dessins, de peintures,
Vitupérations pictographiques vaines,
Radicales colères
Contre la frustration
Et les lacérations de nos désirs.
Leur faisant exsuder, suppurer
Cette rage passionnelle
Suffisamment puissante
Pour agiter de convulsions
Le monde entier sur
Une simple évocation.

Cheveux rouges…
Disséquant les causes
De cette chronique
Du grand amour
Avorté,
Des rapports mort-nés
Que nous eûmes.
Je ne peux offrir que ces
Locutions à la fois
Brutales et délicates,
Miroir de ce que je suis
Devenu à ton contact.

Cheveux rouges…
L'affectif acceptable,
Propre et normé
Déchiqueté par la sauvagerie
D'une passion fauve et
Ponctué par les râles,
Les cris et les brames lugubres
De ma douleur, torsion
De mon âme éclaboussée
Par l'intolérable vérité
De l'impossibilité.

Cheveux rouges…
J'ai probablement tué
Ce qu'il me restait de cœur
Sans un rire,
Sans un pleur.
Ainsi l'histoire, comme une leçon
S'achève. Son prix exorbitant
Est à retenir :
T'aimer confine au martyr.